Discours d'Anne Hidalgo à Toulouse
26 mars 2022
Seul le prononcé fait foi
Bonjour Toulouse, capitale de l’Occitanie, terre de lutte, d’histoire glorieuse et de fraternité !
Merci d’être là, fidèles à nos valeurs, fidèles à votre païs, fidèle à sa culture et fidèle à la République.
Merci d’être fidèles au souvenir de Jaurès, non loin de Carmaux et ses luttes ouvrières ! Merci d’être fidèles à notre invincible espoir !
Merci à toi Carole qui dirige cette grande et belle région d’Occitanie qui, grâce à toi, est restée socialiste, et à Martin, qui a porté si haut nos couleurs ici.
Merci à Georges, et bravo pour l’action de solidarité que tu mènes en Haute-Garonne, si précieuse pour ceux qui souffrent, et si inspirante pour tous les départements de France.
Merci à Valérie, à Patrick et à Sylvie, nos présidents de groupe à l’Assemblée, au Sénat et au Parlement européen. Merci à vous, élus, militants et citoyens.
Merci à mon ami Sébastien, notre maire de Cintegabelle qui fut terre d’élection de notre grand premier ministre Lionel Jospin !
J’étais déjà avec vous la semaine dernière pour nous rappeler le mal qu’a provoqué le terrorisme islamiste, ici, à Toulouse, et pour honorer les victimes et leurs familles de l’effroyable crime antisémite commis dans l’école Ozar Hatorah. Je veux m’associer à la peine des familles et leur dire : nous n’oublierons jamais !
Mes amis,
Depuis des mois, j’ai parcouru notre belle France, qui souffre et qui espère.
J’ai rencontré tant de nos compatriotes de toutes conditions, les plus pauvres, d’autres, moins pauvres mais qui se paupérisent, des Françaises et des Français de tous âges, de toutes origines, de Lille à Perpignan, de Villeurbanne à Bordeaux, de Rennes à Limoges. Mais je dois vous dire que j’attendais particulièrement ce moment, ici à Toulouse !
Toulouse, d’où Jaurès, élu de la municipalité, disait aux jeunes en 1892 : « vous ferez jaillir dans la vieille forêt humaine, l’immortelle fraîcheur des sources ».
Oui, ici, je me sens à la source, avec vous toutes et tous, parlementaires et élus locaux qui m’avez donné le plus grand nombre de parrainages de tous les départements de France, avec vous toutes et tous venus de l’Ariège, de l’Aude, de l’Aveyron, du Gard, du Gers, de l’Hérault, du Lot, de la Lozère, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Orientales, du Tarn, du Tarn et Garonne et bien-sûr de Haute-Garonne !
Ici, sur cette terre du rugby, vous savez faire pack, vous savez pousser ensemble dans la mêlée, vous savez affronter les temps difficiles sans vous désunir, vous savez jouer collectif tout en faisant briller vos individualités, parce que vos valeurs vous guident !
A Toulouse, entre l’eau verte du canal du midi et la brique rouge des Minimes, où l’Espagne en moi pousse un peu sa corne, comme le chantait l’immense Nougaro, je pense à mon grand-père républicain espagnol.
Condamné à mort par un tribunal militaire franquiste, il a connu la douleur de l’exil puis de la prison. Il a transmis à mon père l’amour de la France, pays des libertés, de la République et de Victor Hugo.
J’y pense ici particulièrement, parce que, quand en février 1939, la Catalogne est tombée, des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants, ont pris la route de l’exil et ont passé la frontière franco-espagnole, et c’est ici surtout qu’ils s’installèrent, à tel point qu’on surnomma Toulouse : « la capitale de l’exil ».
En ce moment tragique de notre histoire européenne avec l’invasion de l’Ukraine et le départ forcé de millions d’Ukrainiens sur les routes de l’inconnu, je sais que beaucoup ici ressentent ce que signifie l’exil, sa solitude, sa violence et le besoin effréné de fraternité pour être rassuré et repartir de l’avant. Et c’est pour ça que nous, nous sommes au rendez-vous de la solidarité, en soutenant le peuple ukrainien qui se bat pour sa liberté et pour la paix !
Mes chers amis,
La guerre est revenue en Europe, elle menace d’embraser le continent et le monde. Le message universel de la France nous oblige. J’ai soutenu tout de suite, sans condition, totalement, le peuple ukrainien, agressé par un tyran. Le lendemain de l’agression, notre meeting à Bordeaux était entièrement dédié à la solidarité avec le peuple ukrainien, et depuis vous avez organisé l’accueil des réfugiés dans vos territoires, je vous en remercie, bravo !
Le Président Zelensky, dans son discours fort et émouvant devant les parlementaires et les élus parisiens, nous a appelés à l’aide à nouveau, à tout faire pour stopper la guerre désastreuse que Poutine a engagée. Nous lui répondons : « nous sommes là » !
Nous sommes là pour accueillir et demander une amplification du mouvement d’accueil partout en France. C’est la demande que je formule à nouveau ici, d’une coordination, européenne, de l’accueil, en fonction des capacités d’accueil et des choix de destination des réfugiés.
Nous sommes là, aussi, pour soutenir sans réserve toutes les décisions françaises et européennes qui aident la résistance ukrainienne ; l’application de sanctions économiques sévères contre l’agresseur ; l’interdiction de déplacement des oligarques et la saisie de leurs avoirs ; et oui, aussi, la livraison d’armes aux combattants de la liberté en Ukraine !
Et nous sommes là, aujourd’hui, pour demander d’aller encore plus loin. A la folie guerrière de Poutine, c’est au portefeuille qu’il faut frapper plus fort. Les revenus pétroliers et gaziers représentent 30% des ressources budgétaires de la Russie. Alors, il est temps de mettre fin en Europe, comme les États-Unis et le Royaume-Uni l’ont décidé en début de semaine, à nos importations de pétrole et de gaz russe !
Oui, même si cela nous demandera des sacrifices, et il faudra donner quelques semaines de plus aux pays les plus dépendants du gaz russe, le dictateur du Kremlin doit payer le prix de son agression.
Nos entreprises françaises, comme Total, doivent cesser leurs activités russes et je ne comprends pas, vraiment pas, que le gouvernement ne s’engage pas plus pour cela ! Nous ne combattons pas le peuple russe, mais Poutine doit comprendre qu’il n’y a qu’une issue pour son pays : le cessez-le-feu et le retour à une négociation franche et équilibrée.
Je parlais des exilés tout à l’heure. Je sais que Toulouse bouillonne toujours de l’activité culturelle liée à l’Espagne qui fait partie de la culture commune, vivante, riche, ouverte, de cette ville rose.
Je sais aussi que les enfants de la « Retirada » se disent d’abord fils de Républicains. Oui, la République pour nous, c’était un cadeau et un rêve, c’est ce rêve auquel je veux rendre sa force ! La République, notre République, la République sociale et laïque, qui doit maintenant tenir toutes ses promesses de liberté pour chacune et chacun, d’égalité pour chacune et chacun, et de fraternité pour toutes et tous !
Mon père, qui fut ouvrier sur le chantier naval de Cadix, et ma mère couturière, ont eux fait le choix de la France pour offrir une éducation et un avenir à ma sœur et à moi, comme tant de Toulousaines et de Toulousains, tant d’habitants d’Occitanie et du Sud-Ouest. Je suis devenue Française à l’âge de 14 ans. Je garde toujours près de moi mon décret de naturalisation, comme le symbole de mon adhésion à notre République Française.
La promesse, la République, c’était d’abord l’école. Je dois ma liberté à l’école, à mes professeurs qui m’ont formée et encouragée, et à tous ceux qui, parce qu’ils s’étaient aussi libérés des préjugés de classe, ont pensé que je pouvais être utile à la société, comme inspectrice du travail, puis comme élue à Paris.
Oui, c’est d’abord par l’École qu’il faut tenir la promesse républicaine.
Je vous le dis ici à Toulouse, sur les terres de Jaurès qui fut aussi professeur. Pour lui, l’école devait assurer l’autonomie intellectuelle de l’individu, tout en garantissant la force de nos valeurs collectives. Pour lui, l’école est intimement liée au combat historique des socialistes et des républicains : concourir à l’émancipation de tous et chacun, dans une société libre et solidaire !
Jaurès était passionné de pédagogie, nous le sommes aussi. Il n’a jamais opposé l’effort d’innovation des pédagogues, à l’impérieuse nécessité de la transmission d’un savoir rigoureux. Toujours, il insistait sur les exigences de rigueur, de connaissances, de culture. Toujours il plaçait au premier plan l’appropriation populaire des moyens de l’intelligence du monde.
Toujours il donnait la priorité absolue à l’apprentissage rigoureux de la lecture. « Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c’est la clef de tout », disait-il, pour que les élèves soient, « par la lecture aisée, en relation familière avec la pensée humaine ». Autant d’exigences qui sont aussi celles d’aujourd’hui, au temps des écrans, des sollicitations souvent perverses de l’image et de la langue atrophiée des réseaux sociaux.
De toute évidence, ces exigences, au-delà des discours de tribune, ne sont pas celles d’Emmanuel Macron et de son ministre Jean-Michel Blanquer !
Leur véritable projet, c’est une privatisation rampante de l’école habillée en efficacité managériale. Le candidat Macron dit aux enseignants aujourd’hui : si vous voulez gagner plus, il faudra faire des remplacements, ou de l’aide au devoir. Comme s’ils ne le faisaient pas déjà, comme s’ils étaient bien assez payés pour ce qu’ils font ! Mais quel mépris ! Alors que chacun connaît ici leur dévouement au service du savoir et de la République. Alors que chacun peut vérifier qu’ils sont parmi les moins correctement payés en Europe !
Nous mettrons fin à cette dérive dangereuse, qui dessine le projet d’une école dédiée à la sélection hiérarchique du petit groupe des sachant et des puissants, une école qui continue de reproduire les inégalités de départ, dès lors que l’excellence académique de la future classe dirigeante est préservée.
Nous annulerons aussi cette sélection par algorithmes qui inflige à nos jeunes l’anxiété d’une sélection impersonnelle. Je supprimerai donc Parcoursup ! Et j’augmenterai les places dans l’enseignement supérieur. Je généraliserai la possibilité de se former dans des cursus en alternance, apportant rémunération et adaptation des temps scolaires.
Parce qu’avec vous je veux qu’on change d’avenir, j’assume d’investir dans l’école et, au premier chef, dans le travail de ses professeurs, qui sont les hussards de la République, les transmetteurs du savoir sans lequel il n’y a pas de vraie liberté. Ils sont les formateurs de l’esprit civique, sans lequel il n’y a pas de société unie.
« Pour faire la République, il faut faire des Républicains », comme le disait admirablement Ferdinand Buisson, le fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme. Et il ajoutait pour définir un Français : « c’est un homme né de la France, qui a l’esprit formé à son esprit, qui a appris d’elle à regarder toujours plus haut, à vouloir toujours plus de lumière, toujours plus de raison, toujours plus de fraternité. » Voilà l’immense tâche des professeurs !
Voilà pourquoi je veux que les professeurs soient mieux considérés. Voilà pourquoi je leur permettrai de développer des pédagogies ouvertes et inclusives, sans jamais négliger la transmission des savoirs, dont la bonne pédagogie est la condition même. Et oui, voilà pourquoi je revaloriserai les salaires des enseignants, en démarrant par les professeurs des écoles qui commenceront désormais, comme les cadres, à 2350 euros nets !
Mes amis,
La République s’est constituée autour de valeurs, puis de l’École, je viens d’en parler, puis elle a inventé un principe qui permet de faire vivre ses valeurs : la laïcité. Jaurès, toujours lui, fut l’un des grands concepteurs de la loi de 1905 et reliait la séparation des églises et de l’État à la construction d’une école dégagée des préjugés et des dogmes.
Je défendrai donc bec et ongles les professeurs contre toutes les atteintes à la laïcité à l’école, d’où qu’elles viennent ! Je les défendrai contre les attaques récurrentes des intégrismes. Je protégerai les programmes, je protégerai le savoir et la liberté pédagogique. Mais je serai aussi vigilante pour combattre la falsification de l’histoire qu’on lit dans les discours de l’extrême-droite. Là aussi, il revient à l’école républicaine de transmettre un récit national véridique et lucide.
J’entends toutes celles et ceux qui veulent instrumentaliser ce beau principe, qui l’affublent d’adjectifs, laïcité « de combat » pour les uns, laïcité « ouverte » pour les autres. Moi je le vous dis : la laïcité n’a pas besoin d’adjectif, elle est la laïcité, ses belles règles de vie en commun que nous avons inventées pour en finir avec l’obscurantisme et les préjugés qui ont enfermés pendant des siècles des générations dans l’ignorance et la servitude, et qui consacre l’universalité du genre humain dans ses droits et sa liberté.
Merci aux Républicains, aux Radicaux, aux Socialistes, nombreux sur ces terres, qui ont permis avec Gambetta, avec Jaurès, de sortir notre Nation de la nuit des dogmes, et de lui avoir fait découvrir l’immense bonheur de la connaissance libérée des tutelles religieuses et communautaristes, des déterminismes sociaux et d’origines, et qui ont permis à tant de femmes de s’émanciper !
Je veux le dire aussi : la laïcité n’a rien à voir avec les propos de haine contre une partie de la population, au contraire elle est un principe qui condamne toutes les discriminations religieuses, philosophiques, culturelles, sexistes ou homophobes. Et c’est donc aussi au nom de la laïcité et de la République, que j’appelle à combattre sans faiblesse toutes les discriminations.
Car pour beaucoup c’est un obstacle de plus dans leurs projets de vie, en particulier dans les territoires les plus abandonnés, les plus en difficulté, qu’ils soient urbains, périurbains ou ruraux. Les discriminations à l’embauche ou dans le travail, dans l’accès au logement, et parfois même pour circuler sans être contrôlés au faciès, ou pour se divertir et entrer en boîte de nuit. Ces discriminations sont un obstacle intolérable qui s’ajoute aux difficultés rencontrées par tous. Pour celles-là et ceux-là, les promesses républicaines ne sont pas tenues. Présidente, je ne le tolèrerai pas. Je traquerai ces discriminations du quotidien, celles que dénonce avec constance SOS-Racisme, qui a raison de préconiser une politique de testing général dans le travail et dans la vie.
Mes amis,
La pandémie nous a rappelé qu’il ne peut y avoir de bien-être dans la République sans un grand service public de la Santé.
Elle nous a aussi révélé les faiblesses et les souffrances de l’hôpital public. Il était pourtant le meilleur du monde il y a à peine vingt ans. On a fermé trop de lits au nom de la rentabilité, et même pendant le COVID, 5600 lits supprimés ! On a multiplié les contraintes paperassières et les circuits bureaucratiques.
Malgré la pénurie et la désorganisation, nos soignants ont fait face. Ils ont été là, nos urgentistes, nos infirmières, nos aides-soignants, nos brancardiers, nos sage-femmes, nos médecins, nos réanimateurs, nos chirurgiens, nous pouvons les applaudir encore !
J’organiserai le retour de l’hôpital au cœur du système de santé, où les gens passeront avant l’argent ! Nous tournerons la page de l’hôpital-entreprise et du carcan comptable des dépenses de santé. Pour soulager les urgences, je ferai en sorte que les médecins libéraux reprennent des permanences, principalement le week-end et qu’elles soient connues de tous.
J’accroîtrai les capacités d’accueil de nos facultés de médecine afin qu’elles forment, ce qui est nécessaire, jusqu’à 15 000 nouveaux médecins par an. J’augmenterai le nombre des autres soignants et je poursuivrai la revalorisation de leurs rémunérations et de leurs carrières pour rendre les métiers de l'hôpital à nouveau attractifs.
Et, puis, je m’attaquerai enfin au scandale des déserts médicaux. Je sais que dans vos territoires vous en souffrez particulièrement. Je sais les mois d’attente pour un rendez-vous, je sais les kilomètres parcourus pour consulter. Je romprai avec cette logique dangereuse, et les jeunes médecins en formation viendront y exercer !
Mes chers amis,
Dans la crise sanitaire que nous avons traversée et qui n’est pas finie, dans ces moments les plus dramatiques, les premiers de corvée étaient là, on les applaudissait ces soignants, ces pompiers, ces policiers, ces enseignants, ces transporteurs, ces caissières, ces éboueurs, tous ces travailleurs qui ont tenu le pays debout. Notre peuple sait se dévouer aux autres, sait prendre soin des autres. Ils méritent le respect.
Oui, après avoir parcouru nos territoires, je retiens que notre pays a besoin d’abord d’apaisement, de concorde, de protection, loin des vociférations et des haines. Et il a un immense besoin de respect.
Et les Le Pen-Zemmour veulent à nouveau vous monter les uns contre les autres ?
Et Emmanuel Macron veut vous faire payer le prix de cette crise, alors qu’en même temps les profits des plus riches ont explosé.
Je ne me résignerai jamais à cette injustice, à cette violence sociale. Pour moi, au contraire, paieront la crise ceux qui ont les moyens, avec le retour de l’impôt sur la fortune, la contribution des très hautes successions et la lutte implacable contre la fraude et l’évasion fiscale !
Pour moi, au contraire, le temps est venu de vous rendre justice !
Et la justice, c’est d’abord d’empêcher que l’âge de la retraite soit repoussé à 65 ans comme l’a décidé Emmanuel Macron s’il était réélu.
Notre système de retraite, grand acquis des luttes sociales, serait, nous dit-il, « au bord de la faillite ». C’est faux ! Et qui le dit ? Ce n’est pas seulement moi, c’est un organisme indépendant, le Conseil d’Orientation des Retraites !
Le but réel de la réforme Macron n’est pas de sauver notre retraite, mais de la réduire parce qu’il considère, ce sont ses mots, que la protection sociale coûte « un pognon de dingue » et qu’elle est inefficace. Eh bien, nous, nous pensons le contraire : c’est ce modèle social qui préserve la justice et qui protège l’équilibre de notre société et assure notre prospérité !
La retraite à 65 ans du programme Macron, c’est le sacrifice des classes moyennes et populaires. Oui, ceux qui souffriront de cette mesure, l’inspectrice du travail que je suis le sait, ce sont les salariés modestes, les femmes aux carrières discontinues, les travailleurs soumis à des tâches pénibles, dont l’espérance de vie est nettement plus courte que les autres, les seniors déjà exclus de l’emploi, qui devront tous attendre trois ans de plus pour bénéficier d’une pension à taux plein.
Oui, tous ceux-là ne pourront pas profiter un peu de la vie, réaliser des projets qu’ils avaient toujours remis faute de temps, s’occuper de leurs petits-enfants, aider leur famille dans la difficulté. C’est une violence sociale inouïe. Alors je dis non !
Nous préserverons l’âge de la retraite, ce sera 62 ans, pas une année de plus, et nous permettrons le départ avant, à 59, 60 ou 61 ans, pour ceux qui ont exercé des métiers pénibles, en ajoutant à la liste des critères de pénibilité l’exposition aux produits chimiques ou aux vibrations, le port de charges lourdes ou encore les postures usantes !
Et nous irons plus loin dans la justice, avec une hausse de 3 % des retraites dès le mois de juin pour rattraper l’inflation, un minimum vieillesse à 1000 euros net, un minimum contributif à 1200 euros net et comme je l’ai dit hier dans l’Aude, je porterai la retraite agricole minimale à 85 % du SMIC net et je l’ouvrirai aux conjoints, c’est à dire aux agricultrices.
Voilà l’un des enjeux très concrets du vote les 10 et 24 avril ! Un référendum pour ou contre le droit à une vraie retraite pour tous !
Mes amis,
La justice, c’est de permettre aux Français de faire face à la hausse des prix qui ronge leur pouvoir d’achat depuis des mois.
Je l’ai dit dès le début de ma campagne, parce que je voyais bien, partout dans mes déplacements, que de plus en plus de gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Avec la guerre en Ukraine, et la flambée des prix du pétrole, du gaz, du blé, la situation des familles populaires et des classes moyennes est devenue critique.
Alors, si les Français me font confiance, dès le mois de mai, je bloquerai les prix de l’énergie, je baisserai à 5,5% la TVA qui leur est appliquée. Je n’hésiterai pas non plus à bloquer les prix des biens essentiels qui viendraient à déraper.
Mais je le dis : agir sur les prix ne suffira pas. C’est pourquoi je veux revaloriser le travail. J’ouvrirai des négociations salariales dans toutes les branches dès le lendemain de mon élection, j’impulserai le mouvement par une hausse du SMIC de 200 euros net par mois, je relèverai immédiatement le point d’indice des fonctionnaires de 3% pour rétablir leur pouvoir d’achat, et je créerai un minimum jeunesse.
La revalorisation du travail, je la veux matérielle, pour rendre la vie quotidienne meilleure, mais aussi morale, par le respect et la considération dus aux travailleurs, par l’extension de leurs droits dans l’entreprise, dont ils sont les chevilles ouvrières. Comme en Allemagne, les salariés deviendront administrateurs à parité avec les représentants des actionnaires !
La justice, c’est instaurer enfin l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes, pour qu’il soit mis fin à cette inégalité qui défigure notre idéal de justice.
Le temps est venu de vous rendre justice, et la justice c’est le droit à la sécurité avec plus de policiers sur le terrain et plus de moyens pour la justice.
C’est une loi et des moyens que nous porterons pour faire baisser les insoutenables violences dont les femmes sont les victimes. C’est encore lutter énergiquement contre le cyber-harcèlement qui frappe tant d’adolescentes et d’adolescents.
La justice c’est faire leur place à nos aînés, trop souvent relégués, en dépit des services rendus à la société, dans des établissements où l’on manque de bras, réduits à une condition humiliante. J’augmenterai de 50 % le montant de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie, et je renforcerai le personnel des EHPAD.
La justice, c’est le droit à chacun, quand il est accablé par un mal inexorable et trop douloureux, de bénéficier de soins palliatifs accessibles en nombre suffisant et d’exercer dans l’humanité sa dernière liberté, celle de mourir dans la dignité.
Oui, le temps est venu de vous rendre justice !
Et la justice c’est aussi la justice climatique, qui permettra, à chacun, quelle que soit sa condition, d’affronter la grande affaire du siècle, la mutation écologique.
Je veux faire de notre République l’une des premières nations vraiment respectueuses de la planète !
Alors oui, j’instaurerai un impôt sur la fortune dédié à la transition énergétique, en mettant à contribution les plus nantis, qui sont aussi les premiers pollueurs.
Alors oui, je créerai un « tiers-payant » logement et un leasing social pour véhicule électrique pour que chacun puisse participer sans surcoût à ces transformations décisives pour le climat que sont l’isolation des habitations et les mobilités propres.
Alors oui, je mettrai sur pieds un tribunal international qui combattra le crime d’écocide.
Et la justice, mes amis c’est donner un nouveau souffle démocratique.
Je veux des institutions qui font plus de place au parlement comme à l’expression directe.
Je veux que les citoyens puissent désormais amender les lois ou demander l’organisation d’un référendum, ce référendum d’initiative citoyenne, ce RIC voulu par les gilets jaunes, oui, nous le ferons !
Et mes amis, la République que nous voulons, elle choisit sans hésitation l’Europe. De Jaurès à aujourd’hui, ce choix, c’est celui des sociaux-démocrates du continent, qui y ont œuvré, passionnément, inlassablement, utilement. Nous devons écrire une nouvelle page de cette longue histoire.
L’Europe démontre dans la crise ukrainienne son unité, sa volonté de devenir une puissance sur l’échiquier mondial, sa détermination à défendre ses valeurs humanistes de liberté et de justice. Elle doit resserrer ses liens, coordonner au mieux son action diplomatique, économique et militaire pour retrouver le chemin de la paix sur le continent.
De Léon Blum à François Mitterrand, de Jacques Delors à Lionel Jospin et François Hollande, les socialistes français ont toujours œuvré pour l’Europe, pour son indépendance et pour sa cohésion. Je revendique cet héritage et je veux poursuivre leur lutte historique !
Il faut franchir maintenant un nouveau cap et jeter des bases d’une défense commune. Je favoriserai la mise en partage de notre outil de défense, la recherche et la construction d’armements adaptés aux nouveaux défis.
Avec nos amis sociaux-démocrates qui montrent, à la tête de nos grands pays partenaires, force et hauteur de vue, je militerai ardemment, pour la sécurité collective, pour l’action des organisations internationales, pour un désarmement nucléaire équilibré, pour que l’Europe devienne cet acteur qui compte pour la paix mondiale et la sécurité de tous.
Mais je serai, tout autant, inflexible dans la défense des peuples libres à travers le monde, contre le terrorisme ou l’impérialisme autoritaire, pour prévenir cette immense régression que serait la progression archaïque des tyrannies de la planète contre les démocraties.
L’Europe est un continent de paix. Pour le rester, elle doit s’armer militairement, mais aussi lutter, avec la même force, contre les inégalités et le réchauffement climatique.
A notre politique internationale doit s’ajouter, et c’est mon combat, la promotion d’une véritable diplomatie climatique. Les guerres ont des causes et il en est une qui va inéluctablement monter en puissance dans les années qui viennent : le réchauffement climatique menace l’avenir de l’humanité et provoquera nombre de conflits à travers le monde, pour l’eau, pour la terre, pour l’espace restreint par la sécheresse et les catastrophes climatiques. Là encore, alors que le temps nous manque déjà, le quinquennat Macron, c’est cinq ans de perdu !
Les effets du dérèglement climatique déstabilisent déjà les États et la paix dans le monde. Je parlais du pétrole et du gaz tout à l’heure. Les amis, nous n’en serions pas là si la transition énergétique avait été au rendez-vous ! Alors nous mettrons fin à notre dépendance aux énergies fossiles, sans tomber dans celle à l’uranium nécessaire au nucléaire qui est une énergie de transition, en nous tournant vers la seule réelle indépendance énergique, celle des énergies renouvelables !
Oui, je le redis ici, à Toulouse : je mettrai toute mon énergie dans cette lutte. Je proposerai un Sommet Paris+10, dix ans après le succès de la Cop21, pour rehausser les ambitions des États, des organisations de la société civile, des acteurs de la finance et du secteur privé.
Oui, nous sommes attendus en Europe, oui nous serons au rendez-vous !
Mes amis,
Mes chers compatriotes de métropole et des Outre-Mers,
Le 10 avril, vous n’allez pas seulement élire une Présidente ou un Président, mais vous allez faire un choix de société.
Je vous propose celui d’une République sociale, européenne, laïque et écologiste.
Il y aura celui des haineux, de l’extrême-droite, vous savez ici le combattre, vous êtes les héritiers de la Laïque, des dreyfusards, de Jaurès et des mineurs de Carmaux, des antifranquistes, des Justes nombreux dans votre région, des résistants contre Pétain, leur société c’est la guerre de tous contre tous. La France n’est pas menacée d’un grand remplacement de population mais d’un grand remplacement de valeurs et nous défendrons bec et ongles les nôtres, celles de la République : la liberté, l’égalité, la Fraternité !
Il y a les projets de la droite de Pécresse et de Macron. Qui a copié l’autre n’est pas important, qu’ils aillent se disputer les droits d’auteur, c’est le même projet. Vous le connaissez, il est vieux comme l’ancien monde.
Ils nous assènent que le peuple leur coûte cher, sa protection sociale, son assurance maladie, ses pensions de retraite, ses aides diverses, ses allocations, son droit du travail, ses salaires, ses services publics, et qu’il faut les raboter.
Ils nous assènent que les riches doivent s‘enrichir pour la prospérité de l’économie et en retour, par ruissellement cette prospérité profitera à tous les autres. Et c’est l’inverse qui s’est passé depuis 5 ans, les riches sont plus riches, les pauvres sont plus pauvres.
Ce projet est injuste, mais il est aussi irresponsable. Il provoque des fractures, brise les liens sociaux qui unissent la nation, alimente la défiance généralisée, et empêche de lutter contre le réchauffement climatique qui menace notre planète, laissant à nos enfants la pire dette qui soit.
Le candidat Macron, son slogan, c’est « avec vous » ; mais son programme, c’est « contre vous » !
Contre ceux qui ont travaillé dur et qui devront travailler jusqu’à 65 ans, ce sera travailler plus pour vivre moins !
Contre les chômeurs, dont il veut réduire l’indemnisation !
Contre ceux qui n’ont plus que les minima sociaux pour vivre, qu’il accuse de vivre sur le dos de la société !
Toutes les réformes de régression tentées depuis cinq ans, la réduction des aides au logement, la réforme de l’assurance-chômage qui a pénalisé plus d’un million de chômeurs, la CSG augmentée pour les retraités, l’ISF supprimé, les 7500 postes d’enseignants en moins, les promesses du « grand débat » et les mesures de la Convention citoyenne sur le climat oubliées, le rapport Borloo sur les quartiers populaires enterré, les contrats aidés rabotés, toutes ces réformes, nous les subirions en pire !
En 2017, il pouvait y avoir un doute. En 2022, après ces 5 ans, et surtout après l’annonce de son programme de casse sociale, il ne peut plus y en voir ! Emmanuel Macron n’est ni de gauche, ni de gauche, il est et de droite et de droite !
Vous ne pouvez pas soutenir une politique qui s’attaque frontalement à tous les fondements sociaux du programme du Conseil National de la Résistance, à notre conception de la solidarité nationale, des protections sociales et des services publics, à notre conception de l’école laïque, gratuite pour tous, à l’impôt juste et redistributif qui doit faire d’abord participer les plus riches. Vous ne pouvez pas laisser étouffer vos convictions et vos engagements pour la justice sociale !
Alors on nous parle de celles et ceux qui se disent pourquoi pas Mélenchon ? Mais Mélenchon c’est l’impasse ! Comment celui qui a théorisé la fin de la gauche, celui qui n’a pas appelé à voter pour battre l’extrême-droite en 2017, celui qui dans les élections locales a combattu tout le reste de la gauche, pourrait maintenant représenter un quelconque espoir pour la gauche ? Quelle ville, quel département, quelle région son mouvement a-t-il gagné avec son sectarisme et ses outrances ?
On m’a dit que j’y allais fort, mais non, écoutons-le, le 20 février 2016, à la question « êtes-vous pour ce que fait Poutine en Syrie ? » répondre : « Oui. Il va régler le problème » ! Et c’était encore, hier, le 10 février 2022, déclarer : « l’agresseur, c’est l’OTAN et non la Russie ».
Alors je le redis, c’est le vote le moins utile au monde pour changer concrètement la vie de nos concitoyens, c’est le vote le moins utile pour renforcer l’Europe face à tous les dérèglements du monde, c’est le vote le moins utile pour soutenir sans réserve les peuples opprimés.
Moi, je suis fière d’avoir levé et de brandir le drapeau de la gauche républicaine, de la gauche laïque, de la gauche des vraies réformes, sociales et écologiques, de la gauche des vrais changements !
Cette gauche qui a appris de ses erreurs et même de ses fautes, et devra continuer à le faire.
Cette gauche qui bien sûr devra s’ouvrir d'avantage comme nous l’avons fait dans nos villes et nos territoires.
Cette gauche qui devra redevenir la gauche populaire et inventive qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, avec vous ce sera possible !
C’est mon engagement, et je le ferai, avec votre soutien !
Parce que, vous le savez, sans cette gauche que je représente, la France ne serait pas la France républicaine, sociale et laïque, avec ses conquêtes sociales, sociétales et démocratiques.
Les congés payés, c’est nous ! L’abolition de la peine de mort, c’est nous ! Les droits des travailleurs dans l’entreprise, la libéralisation de l’audio-visuel, l’impôt sur les grandes fortunes, le revenu minimum d’insertion, c’est nous ! Les 35H, la CMU, l’allocation de rentrée scolaire, le congé paternité, la parité femmes-hommes pour les élections, le congé paternité, l’allocation personnalisée d’autonomie, le mariage pour tous, l’accord sur le climat, c’est nous !
Oui, nous avons changé la vie des Français. Et oui, nous pouvons le refaire !
Ne l’oubliez pas au moment de glisser votre bulletin de vote le 10 avril !
Ensemble, nous pouvons changer d’avenir !
Vive la République !
Vive la France !