8 mars : les 8 priorités d'Anne Hidalgo pour les droits des femmes

Il est temps d’écouter et d’associer davantage les associations féministes. C'est pourquoi je me suis engagée à mettre un milliard d’euros dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce chiffre n’est pas que symbolique. C'est la condition de notre réussite collective. Mon modèle s’inspire de ceux de l’Angleterre et de l’Espagne, qui avec l’aide des associations, et la réforme du processus judiciaire, a connu une chute de 25% des féminicides depuis 2004 et où les victimes portent plainte quatre fois plus qu’en France.

L’égalité professionnelle et salariale est encore loin d’être acquise. Malgré leur interdiction légale, les discriminations salariales entre les femmes et les hommes persistent de manière inacceptable. Les inégalités de revenus sont renforcées par la profonde inégalité de répartition des tâches parentales et domestiques qui pèsent sur la carrière et la vie des femmes, en particulier en cas de séparation. Enfin, les femmes sont surreprésentées dans des métiers à faible rémunération, à temps partiel subis, avec des conséquences sur leurs retraites. 

Mon quinquennat sera celui du volontarisme politique nécessaire à la fin des violences et des inégalités économiques, tolérées depuis trop longtemps. Malgré de grandes déclarations d’intentions, ce quinquennat a été un échec pour l’égalité femmes-hommes : creusement des inégalités et personnel politique aux antipodes de l’exemplarité requise pour la révolution antisexiste que nous appelons de nos vœux.


1. Pour une vraie égalité professionnelle femmes - hommes

La revalorisation du travail concerne en particulier le travail féminin, qui se concentre dans des métiers moins rémunérés. Il est temps, enfin, de se donner les moyens de nos ambitions pour mettre fin aux inégalités femmes-hommes en ce domaine.

 

2. Mettre fin aux déséquilibres dans la sphère familiale

L’inégale répartition des tâches domestiques et parentales pèse fortement sur la carrière et le revenu des femmes. En outre, le nombre de familles monoparentales (85% de femmes) est en augmentation. D’après l’INSEE, 12,5% des femmes tombent dans la pauvreté après une séparation. 

  • Je créerai un statut pour les familles monoparentales, qui ouvrira des droits spécifiques comme nous avons su le faire pour les familles nombreuses

  • J’allongerai le congé paternité (ou congé 2e parent) à 16 semaines, dont 8 obligatoires, comme en Espagne. C'est une condition nécessaire (même si non-suffisante) à la lutte contre les inégalités salariales femmes-hommes qui se creusent fortement à l'arrivée de l'enfant : la présence des pères dès les premiers mois doit contribuer à faire évoluer le partage des tâches domestiques et familiales, qui pèsent sur les carrières des femmes.
  • Je créerai un service public de la petite enfance, où chaque famille bénéficiera du droit opposable à un mode d'accueil pour son enfant, à l'issue des congés légaux des parents et jusqu'à son entrée à la maternelle. Toute famille aura droit à une place en accueil collectif et, à défaut, recevra une aide financière pour compenser le coût d’une garde à domicile ou par un assistant maternel. L’offre de places en crèche, en lien avec les CAF et les collectivités territoriales, sera portée de 470 000 à 600 000 en 10 ans. 
  • Je rendrai les crèches plus inclusives pour lutter contre le non-recours des familles les plus fragiles et accueillir les enfants en situation de handicap. L’allocation de rentrée scolaire sera attribuée dès l’entrée à l’école maternelle et non plus à 6 ans comme aujourd’hui.
  • J’individualiserai l’allocation aux adultes handicapés (AAH).

 

3. Lutter activement contre les violences faites aux femmes et renforcer la protection des victimes

Je ferai de la sécurité des Française et de la lutte contre les violences faites aux femmes une réelle priorité de mon quinquennat pour mettre en place une politique réellement efficace de protection et de prise en charge des personnes victimes de ces violences.

  • Je développerai des centres d’accueil spécialisés sur tout le territoire, ouverts 24h sur 24. Dans ces centres, un personnel spécialisé (médical, juridique, psychologique, interprète pour les personnes étrangères) reçoit, oriente et conseille les victimes, dans un cadre plus accueillant qu’un commissariat. Les victimes pourront bénéficier des prélèvements médicaux nécessaires et décider ou non de porter plainte.
  • Je mettrai en place un système de référent unique. Un officier de liaison sera désigné pour suivre chaque victime. Ce référent informera systématiquement la victime de l’avancée de la plainte, l’aidera avec les formalités puis en cas de condamnation, l’informera avant la libération du condamné.
  • Je multiplierai sur tout le territoire les haltes de jour et de nuit dédiées aux femmes en situation de rue, particulièrement victimes de violences sexuelles.
  • Je renforcerai la loi abolitionniste de 2016 sur la prostitution avec une hausse des financements nécessaires à son application, j’accentuerai la lutte contre le proxénétisme et l’accompagnement social des victimes vers la sortie de la prostitution.
  • Je donnerai plus de moyens à la police pour leur permettre, en lien avec l’Aide Sociale à l’Enfance notamment, de lutter contre la prostitution des mineures qui ne cesse d’augmenter. 

4. Rétablir une justice efficace pour les victimes 

La France a été épinglée par le Conseil de l’Europe pour son trop faible taux de condamnation des agresseurs sexuels. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles implique de remédier à cette situation pour que les victimes aient véritablement le sentiment de pouvoir obtenir justice si elles portent plainte.

  • Je mettrai fin à la correctionnalisation des crimes. Alors que les associations estiment que 80% des procès pour viols seraient jugés en correctionnelle, et non devant une cour d’assises (notamment par faute de moyens), je considère que les victimes doivent avoir le procès auquel elles ont droit.
  • Je rendrai automatique la suspension de l’exercice de l’autorité parentale pour le conjoint reconnu coupable de violences intrafamiliales. Pour protéger la personne victime de violences, mais aussi pour protéger les enfants témoins. Il est prouvé que leur traumatisme est aussi puissant que celui des soldats qui rentrent de guerre. Un parent violent n’est pas un bon parent.
  • Je mettrai en place des tribunaux et des brigades spécialisés dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, comme en Espagne, pour permettre une meilleure efficacité des mesures de protection des femmes victimes.
  • J’améliorerai le partage d’informations, au niveau local, entre la justice, les forces de l’ordre, les services pénitentiaires et les associations spécialisées dans l’accompagnement des femmes victimes de violences.
  • Je reconnaîtrai la notion d’amnésie traumatique et les conséquences psycho-traumatiques des violences sexistes et sexuelles.

5. Donner accès à la santé partout, et pour toutes 

L’hôpital est un lieu incontournable pour l’accueil des femmes victimes de violences, et plus généralement pour la santé des femmes, qui pâtissent particulièrement de la désertification médicale (accès aux maternités, aux centres IVG…). En tournant la page de l’hôpital-entreprise et de la maîtrise comptable des dépenses de santé pour recentrer l’hôpital public sur l’accueil de tous les patients, nous y créerons les conditions d’un accueil réel et efficace pour les personnes victimes de violences.

  • Je porterai les formations de soignants à 1250 sages-femmes par an, 25 000 infirmiers et infirmières par an et je poursuivrai la revalorisation de leurs rémunérations et de leurs carrières pour rendre les métiers de l’hôpital à nouveau attractifs.
  • Je reconnaîtrai l’endométriose comme une maladie de longue durée et investirai dans la recherche contre cette maladie qui touche 1 femme sur 10.
  • Je développerai la recherche sur la santé des femmes, en les incluant davantage dans les essais cliniques pour mieux prendre en compte les effets indésirables qui les concernent spécifiquement et mise en place de campagnes de communication auprès des professionnels et du public (symptômes de l’arrêt cardiaque moins connus chez les femmes, surexposition des jeunes femmes aux risques d’AVC, etc.). 
  • Faire de la prise en charge des mères enceintes et en post-partum une véritable priorité de santé publique via une campagne d’information publique sur les fausses couches, une prise en charge à 100% des consultations de psychologue pour les femmes enceintes et les jeunes mamans, renforcer le cadre de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes enceintes ou encore la création d’une plateforme d’informations gynécologiques.
  • J’encouragerai l’accès aux activités physiques et sportives pour les femmes, qui sont plus exposées que les hommes au manque d’activité physique (quatrième facteur de risque de mortalité prématurée selon l’OMS).


6. Garantir les droits sexuels et reproductifs de toutes les femmes

Grâce à une proposition de loi défendue notamment par la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, le délai légal pour recourir à l’interruption volontaire de grossesse vient de passer de 12 à 14 semaines, c’est une victoire dont je me félicite. L’IVG est garanti en droit mais son accès effectif sur tout le territoire peut être compromis pour de nombreuses femmes, de même que le coût de l’accès à la contraception et aux protections hygiéniques peut représenter une somme considérable.  

  • J’ouvrirai véritablement la PMA à toutes les femmes, pour qu’en cas de PMA avec tiers donneur, les droits soient les mêmes pour un couple de femmes que pour un couple hétérosexuel.  
  • Je lutterai contre les violences gynécologiques et obstétricales en pénalisant financièrement les professionnels de santé responsables mais aussi en les formant et en les sensibilisant à cet enjeu majeur.
  • Je supprimerai la double clause de conscience qui ne fait que freiner l’accès à l’IVG et culpabiliser les femmes.
  • Je travaillerai à la gratuité de la contraception et des protections hygiéniques pour mettre fin à la précarité menstruelle.

 

7. Éduquer nos enfants contre les stéréotypes de genre pour construire l'égalité réelle

Agir pour l’égalité suppose de lutter contre les stéréotypes de genre. C’est un enjeu crucial qui conditionne les progrès dans tous les autres domaines, des inégalités de revenus en raison de l’orientation genrée vers certains métiers, aux violences sexistes et sexuelles invisibilisées et renforcées par la prégnance de la « culture du viol ». Un effort sera mis sur la prévention de ces inégalités dès le plus jeune âge.

  • Je placerai la transmission des valeurs de la République que sont la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et la lutte contre toutes les discriminations comme l’antisémitisme, le racisme, les LGBTQIphobies et le sexisme au cœur d’un enseignement civique repensé et renforcé. L’éducation au consentement fera aussi l’objet d’enseignements spécifiques à l’école dans le cadre de véritables cours d’éducation sexuelles, d’autant plus essentiel que la pornographie fait des ravages chez les jeunes en ce domaine.
  • Les cours d’éducation sexuelle devront bénéficier effectivement du nombre d’heures prévues par la loi et intégrer l’éducation au consentement.
  • La lutte contre le harcèlement scolaire, et particulièrement du revenge porn dont sont victimes bien trop d’adolescentes, sera un sujet de grande mobilisation du quinquennat et s’appuiera sur la formation de l’ensemble des personnels, la désignation de référents dans chaque académie et chaque établissement et le renforcement des interventions associatives en milieu scolaire.
  • Je renforcerai l’attrait des carrières scientifiques auprès des jeunes, et des jeunes filles en particulier, notamment en augmentant le financement de la recherche publique afin d’atteindre le seuil de 3% du PIB consacré à la recherche et au développement.
  • Je reviendrai sur la réforme récente du lycée afin d’éviter que certains élèves, et les filles en particulier, n’abandonnent les mathématiques, comme cela a pu être le cas ces dernières années, ruinant vingt ans d’effort pour parvenir à une égalité quasi parfaite. 
  • Je rendrai obligatoire une formation initiale systématique pour tous les personnels éducatifs sur la question du genre, des stéréotypes de genre, des violences sexistes et sexuelles, du cyber-sexisme, et assurer une représentation des femmes ne véhiculant pas de stéréotype de genres dans les manuels scolaires.

 

8. Créer un environnement numérique et médiatique sans stéréotypes et sans violences

Les médias et le numérique sont des secteurs économiques d’avenir où les femmes sont encore victimes de préjugés et de stéréotypes sexistes, ce qui contribue à renforcer et à reproduire une représentation genrée de la société. D’autre part, Internet et les réseaux sociaux charrient leur lot de violences qui implique une ambition de régulation publique forte, à la hauteur des dangers.

  • Je mènerai une campagne de sensibilisation pour renforcer l’attractivité de secteurs d’avenir très majoritairement masculins, comme le secteur du numérique, auprès des jeunes filles en insistant sur la diversité des métiers, ainsi que de tout le secteur pour lutter contre les discriminations (par ex dans l’obtention de financement par des entreprises fondées par des femmes).
  • Je créerai ​une commission nationale de suivi des réseaux sociaux auprès du Défenseur des droits pour dénoncer les sociétés qui ne respectent pas les lois françaises et engager des poursuites pénales contre les réseaux qui continueraient à tolérer le harcèlement en ligne et les discriminations. Elle rendra un rapport annuel qui pointera les dérives des sociétés concernées et donnera lieu à un débat au Parlement.
  • J’inciterai l’Autorité de la concurrence à agir face aux risques croissants de concentration des médias, et l’Arcom à utiliser pleinement les pouvoirs que la loi lui a attribués pour assurer réellement la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias, la qualité  de l’information.
  • Je lutterai contre la fracture numérique en garantissant l’accompagnement pour lutter contre le non-recours aux prestations sociales et familiales.
  • Parce qu’il est inconcevable que des vidéos pédo-criminelles et de viols puissent se retrouver sur des sites pornographiques, je garantirai le retrait des contenus des plateformes avec de fortes sanctions financières qui alimenteront un fonds d'indemnisation des victimes. En cas de refus des plateformes, je procéderai à la fermeture judiciaire des sites et non administrative.
  • J’interdirai le référencement des sites pornographiques et des vidéos pornographiques. Il n’est plus possible qu’en cherchant à se renseigner sur telle ou telle pratique, des adolescents puissent tomber par hasard sur un site pornographique. 

 

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