Anne Hidalgo entourée des élus venus à Montpellier pour la rencontre "Nos territoires avec l'Ukraine"
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Seul le prononcé fait foi
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Mes chers amis,
Merci à toi Michaël Delafosse, jeune et déjà grand maire de Montpellier, de nous accueillir dans sa ville,
Merci à toi cher Kléber Mesquida, président du département, qui met en œuvre ici dans l’Hérault des politiques sociales exemplaires,
Merci à toi Carole Delga, présidente de région brillamment réélue, et soutien indéfectible, pour tes mots qui me touchent.
Merci enfin à toi Bernard Cazeneuve, pour ta fidélité sans faille. C’est un grand honneur pour moi de compter sur le soutien du grand homme d’Etat que tu es.
J’ai la chance de compter dans cette élection présidentielle sur le soutien de nombreux élus dont plus de 1300 m’ont apporté leur parrainage, je veux ici les en remercier très chaleureusement. Et parmi ceux-ci, l’engagement à mes côtés de Carole, Kléber et Michaël m’est particulièrement cher, dans cette belle région qui, de Jean Jaurès à la guerre d’Espagne, en passant par Léon Blum, député de l’Aude, et Lionel Jospin, député de Haute-Garonne, constitue le véritable berceau de la gauche française.
Peu de candidats à la présidence de la République font le choix de réunir l’ensemble des élus qui les soutiennent à quelques semaines du premier tour. Ce rassemblement dit beaucoup de ce que nous sommes.
Vous le savez, j’ai pris résolument la décision, dès le départ, de placer au cœur de cette campagne mon équipe de France des maires. Je vais vous en livrer aujourd’hui la raison profonde. J’ai depuis longtemps la conviction que, face aux difficultés du pays et aux désordres du monde, c’est avec les corps intermédiaires que le pays pourra se relever et faire face à tous les défis. Oui, Présidente, je m’appuierai sur tous ces citoyens qui s’organisent dans les territoires, comme au niveau national pour participer à la vie publique. En commençant par les collectivités locales, qui en sont le rouage le plus essentiel !
Nous, les maires, nous avons sauvé le fonctionnement régulier des institutions et permis le dialogue républicain à la suite de la crise des gilets jaunes. Nous avons assumé avec la plus grande efficacité la gestion de la crise sanitaire. Nous sommes le cœur vivant de notre République. C’est donc devant les maires, devant vous, les piliers de la République, que je souhaite m’exprimer, alors que l’intégrité de notre continent est menacée.
Guerre en Ukraine
Mes chers amis,
Pour la première fois depuis la crise de Cuba, le spectre d’une guerre totale s’invite dans nos vies.
Nous, socialistes, jamais nous n'avons oublié que l’histoire est tragique et jamais nous n’accepterons qu’elle soit fatale. L’avenir n’est pas un destin, il est toujours un choix à faire et un monde à bâtir. Cela s'appelle l’action humaine, cela s'appelle la politique dans ce qu'elle a de plus noble.
Chaque jour amène de nouveaux affrontements et démonstrations de force. L’épreuve à laquelle nous sommes confrontés, Français et Européens, nous oblige puissamment.
J’ai la conviction que c’est dans la crise que se révèlent les personnalités. Lorsque l’essentiel est en jeu, notre pays doit faire face, armé de l’unité des femmes et des hommes d’Etat qui connaissent les contraintes de l’exercice du pouvoir et savent se mettre à la hauteur de la gravité du moment. Ce qui se joue maintenant, c’est avant tout l’indépendance de l'Ukraine et la souveraineté de son peuple. C'est aussi la continuation de la construction de l’Europe et de l’organisation du monde fondé sur le respect du droit international.
J’ai dit, samedi dernier à Bordeaux les grands axes de la politique qu’il nous faut conduire à l’égard de Moscou, pour venir en aide au peuple ukrainien. J'ai dit et je redis ici toute ma solidarité avec l'Ukraine et mon admiration pour le courage de son peuple, qu’il soit au combat ou sur les routes alors que l'horreur de la guerre s'abat sur lui. Romain Gary, Français né à l'Est de l’Europe, écrivain humaniste et compagnon de la Libération, disait : « le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est la haine des autres ». Voilà ce qui distingue le peuple ukrainien et Poutine : le patriotisme d'un souverain face au nationalisme d'un régime assassin.
J’ai demandé que soit déployé, contre cette agression, tout l’éventail, implacable, des sanctions économiques, financières et commerciales propres à lui en faire payer le prix. J’ai demandé dès l'entame du conflit de frapper au portefeuille Vladimir Poutine et les oligarques corrompus et cyniques qui soutiennent son régime, ainsi que l’interruption du système SWIFT de transactions financières entre la Russie et le reste du monde, l’interdiction d’émettre de la chaîne RT, et aussi, oui, je l’assume, la livraison de matériel militaire. Ne voyez aucun bellicisme à cette position, juste et nécessaire. Les sanctions et la livraison d’armes à l’Ukraine sont le préalable indispensable à l’instauration d’un dialogue diplomatique qui devra aboutir au retrait immédiat des forces de la Fédération de Russie du territoire ukrainien. Nous n’imposerons pas la paix sans inverser le rapport de force !
Alors, oui, je soutiens sans réserve les premières décisions que l’Union Européenne a prises en ce sens. Et n’hésitons pas à aller plus loin ! Interdisons les déplacements des oligarques, saisissons leurs avoirs, gelons leurs investissements. Demandons aussi à nos entreprises de mettre fin à leurs partenariats économiques avec la Russie, en commençant par TOTAL-Energie, qui doit se retirer sans délai du capital de toutes les entreprises russes dans lesquelles le groupe est présent, comme l’a fait courageusement British Petroleum! Frappons, même si cela nous demandera des sacrifices, les exportations de gaz ou de pétrole, et les échanges extérieurs de la Russie.
Et pour faire droit aux aspirations du peuple ukrainien à vivre dans notre espace de paix, de prospérité et de liberté, je veux que la France soutienne la demande, signée courageusement lundi par le Président Zelensky sous les bombardements de Kiev, d’ouverture des discussions sur une possible adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.
Et puis, nous devons dès maintenant nous organiser, à tous les niveaux, européen, national et local, pour l’accueil de l’ensemble des victimes de cette guerre. J’ai entendu des propos de plateaux de télévision, des propos odieux, sur « l’intégration facilitée » des ukrainiens dans notre pays en raison de leur couleur de peau. Je les dénonce avec la plus grande fermeté. Si nous accueillons les ukrainiens, c’est armés de la même fraternité que celle qui nous a fait accueillir jadis les syriens, les géorgiens, les libanais, et l’ensemble des demandeurs d’asile de notre pays. Face aux victimes de la guerre, la France ne connaît que des êtres humains. C'est son histoire et c'est son honneur.
Comme beaucoup d'entre vous, comme Maire, j'ai voulu marquer la solidarité de Paris en décidant de donner une aide humanitaire de 1 million d'euros, de préparer des centaines de places d’hébergement pour accueillir les réfugiés, de mobiliser 10000m2 pour le stockage des dons, l'accueil automatique des enfants de réfugiés dans les crèches et les écoles, la gratuité de la cantine, l’ouverture des consultations en PMI et pour le soutien psychologique, le soutien aux étudiants ukrainiens.
Et puis, parce que je crois à la diplomatie des villes, j'ai décidé que le prochain conseil de Paris accordera la citoyenneté d’honneur à la ville de Kiev, cette citoyenneté que nous accordons à tous les citoyens qui sont menacés dans le monde. Avec mon équipe, nous sommes en contact permanent avec la municipalité de Kiev. Vitaly Klitschjo, le maire de Kiev, qui se bat courageusement avec les habitants, qui organise la résistance, m’a dit : « Anne, dit leur, dit leur en France, qu'il ne faut pas nous abandonner. Il faut que vous soyez là. » Et bien, c'est l'appel que je lance ici à Montpellier, avec tous les élus qui m’entourent : nous sommes là, et nous serons là, toujours , à vos côtés !
Le rôle de la France
Mes amis,
Dans ce moment historique qui n’a rien d’ordinaire, il est plus que jamais nécessaire de nous reposer les questions essentielles. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Nous la France, sommes un pays aux valeurs universelles qui éclairent toujours le monde. En Amérique latine, en Afrique, dans le monde arabe, les paroles fortes de nos dirigeants ont un jour résonné pour ne plus jamais s’éteindre.
Notre confiance a été bien trop longtemps altérée, par des dirigeants qui ne les ont pas portées suffisamment haut. Je crois que la France doit se tourner vers l’avenir, certaine de son message et de ses valeurs.
Nous le savons, la France demeure une puissance incontournable dans la résolution des conflits mondiaux. Dans celui qui nous intéresse actuellement, nous sommes le pays européen disposant – de loin – de la plus grande armée, la seule nation parmi les 27 qui constituent l’Union Européenne à disposer de la force de dissuasion, et le seul membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies. Notre réseau diplomatique, le deuxième du monde, s’appuie encore, malgré des tentatives de politisation et les projets du Président, sur des diplomates de carrière respectés et admirés partout dans le monde.
N’ayons pas peur de le dire. Notre responsabilité est donc immense. La France doit jouer un rôle central dans la résolution de ce conflit. Aux droits humains, qu’elle doit promouvoir davantage dans les relations internationales, et à cette position d’équilibre si singulière qu’elle tente de défendre dans le concert des nations, doit s’ajouter, et c’est mon combat, la promotion d’une véritable diplomatie climatique.
L’action climatique internationale sera le socle de ma politique internationale.
Je ne peux que constater l’échec dramatique du quinquennat Macron. Comment d’ailleurs aurait-il pu prétendre à un quelconque leadership alors même qu’il n’a pas lui-même tenu nos engagements nationaux ? Le quinquennat Macron a été avant tout un mandat de déclarations et d’injonctions contradictoires. Cependant, le dérèglement climatique, et avec lui ses catastrophes qui s’observent sur tous les continents, n’attendent pas la résolution de ces contradictions, le GIEC vient de nous le redire avec force.
Je le dis ici, à Montpellier : mon quinquennat sera celui qui nous permettra de contenir la hausse des températures à l’échelle mondiale. Oui, la France reprendra le leadership dans cette lutte pour l’humanité et sa planète. Car c’est une condition de la paix dans le monde. Nous sommes le pays qui a permis l’Accord de Paris en 2015, je reprendrai le flambeau. Je proposerai un Sommet Paris+10, dix ans après le succès de la Cop21, pour rehausser les ambitions de tous les partenaires : Etats, organisations de la société civile, acteurs de la finance et du secteur privé. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre car les effets du dérèglement climatique déstabilisent déjà les Etats.
Oui, nous sommes attendus, nous serons au rendez-vous !
Je veux aussi que la lutte contre les inégalités mondiales soient au cœur de l’agenda international. Pour la première fois depuis des décennies, la faim et l’extrême pauvreté ressurgissent. Et il s’agit là aussi d’une condition de la paix dans le monde !
Une guerre succède à une pandémie. Cette autre crise, celle du COVID a montré une autre évidence : on ne peut pas s’en sortir seuls s’il n’y pas plus de justice pour le reste du monde. Le virus n’a pas de frontière. Et on ne peut espérer se protéger sans que des milliards d’autres humains sur terre ne le soient pas aussi. Je l’ai demandé à Bordeaux, je le redemande ici à Montpellier, et je le redemanderai jusqu’à obtenir gain de cause : les brevets sur tous les vaccins anti-COVID doivent être levés.
Enfin, la France devra s’attacher à relancer la construction européenne. Fidèles au message du président Mitterrand, nous ne devons jamais séparer la grandeur de la France de la construction de l'Europe. C'est notre nouvelle dimension, et notre ambition pour le siècle prochain.
Vous l’aurez compris, la présidente de la République que je serai s’attachera à renforcer la place et l’influence de la France dans le monde, en renouvelant son message universel, qui doit désormais aussi s’étendre à la défense de l’environnement et à la résorption des inégalités mondiales.
Nous, la gauche républicaine et européenne, sommes les mieux armés pour faire face à cette crise.
Nous portons l’universalisme hérités des lumières, nous sommes à l’origine de l'internationalisme, du multilatéralisme avec Aristide Briand, de la construction européenne avec François Mitterrand et Jacques Delors, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, inscrit dans nos combats révolutionnaires et réaffirmé au moment de la décolonisation.
La prévention des conflits, le règlement pacifique des différends, et tous les mécanismes juridiques et politiques qui empêchent qu'une étincelle ne mette le feu aux poudres, ont été imaginés ou mis en place par des partisans de notre famille de pensée.
Nous, femmes et hommes de la gauche républicaine et européenne, nous plaçons nos pas dans cette longue histoire. Des premiers congressistes de l’internationale des travailleurs aux derniers militants de la construction européenne, une boussole nous aura toujours guidé : celle de la paix.
Vouloir la paix, ce n’est pas abdiquer devant l’oppresseur, c’est au contraire refuser l’oppression.
Jean Jaurès, député de Carmaux, écrivait bien dans L’armée nouvelle dès 1910 qu’en cas d’agression, la guerre était légitime, car, en répondant à l’oppression, je le cite « nous défendrons dans la patrie française non l’esprit de haine et d’exclusion, mais la promesse de l’universelle liberté et de l’universelle justice ».
Alors je vous le dis clairement : je suis scandalisée qu’un candidat venu de la gauche, admirateur du dictateur vénézuélien aujourd’hui soutien de Poutine dans son entreprise criminelle, tourne le dos définitivement à cette histoire. Je dénonce ces discours qui n’ont que pour but de transformer des agresseurs en agressés. Il ne peut pas prétendre représenter la gauche qui est le contraire de cette faillite morale. Quand l’Histoire avec un grand H vient nous mordre la nuque, c’est l’heure de vérité pour celles et ceux qui prétendent présider dans quelques semaine notre nation.
Le destin d’une grande nation comme la nôtre n’est pas de se taire face à l’impérialisme, quel qu’il soit. Le général de Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac, François Hollande ont toujours porté une voix singulière dans le concert international, tout en confirmant notre appartenance à l’Alliance atlantique, qu’ils ont contribué à renforcer.
Vous le voyez aujourd’hui avec force, jamais nos combats historiques n’ont autant résonné avec la situation politique internationale. C’est éclairé par l’histoire que nous pourrons résoudre cette crise et construire notre avenir.
Et c’est aussi en éclairant l’avenir, en disant où nous voulons aller.
Le spectre d’une guerre totale évité, nous aurons à reconstruire un pays et une Europe affaiblies par les crises sociale, sanitaire et militaire.
Parler de cela dès aujourd’hui, au moment où notre continent vit les tensions les plus dures de son histoire depuis 60 ans, n’est pas incongru. C’est maintenant que nous devons préparer la suite. Je garde en mémoire le discours d’Oxford du général de Gaulle du 25 novembre 1941, prononcé alors que notre pays était occupé, et consacré en grande partie aux questions sociales, économiques et institutionnelles qui devraient être posées à la fin du conflit.
« Si complète que puisse être un jour la victoire des armées », disait-il, « rien n’empêchera la menace de renaître plus redoutable que jamais, (…) si le parti de la libération, au milieu de l’évolution imposée aux sociétés, ne parvient pas à construire un ordre tel que la liberté, la sécurité, la dignité de chacun y soient exaltées et garantie ».
C’est ce même esprit qui m’anime aujourd’hui. Comme lui, je crois que la guerre est un point de départ, pas un point d’aboutissement.
Nous aurons à relever trois grands défis pour réunir le pays.
Le défi social
Ce premier défi, c’est le défi social.
Le président sortant, en même temps mondialiste et souverainiste ; libéral et étatiste ; austéritaire et dépensophile ; républicain et différentialiste, n’aura eu finalement qu’une seule constance, celle de se mettre au service, dès qu’il le pouvait, d’une minorité déjà bien dotée.
Ce mandat aura vu la suppression de l’ISF, la réduction des aides au logement, la baisse de l’imposition des revenus du capital, l’encouragement du secteur privé lucratif au détriment du secteur public – pensons au récent scandale sur les EHPAD ! Ces projets portent d’inquiétantes menaces pour l’avenir de notre protection sociale.
Comme l’a encore montré récemment l’OCDE, on ne peut que constater depuis cinq ans le décrochage économique et social des classes moyennes et populaires, la fracture aggravée entre les territoires, la reproduction des inégalités toujours plus importante et la précarité qui s’est considérablement élargie.
C’est la condition de toute notre action, la condition du relèvement de la France. Il faut rendre justice aux travailleuses et aux travailleurs, qui forment les forces vives de notre économie. J’ai donc mis, en tête de mes missions, la revalorisation du travail.
C’est le travail qui crée la dignité du travailleur, qui lui donne sa perspective, sa chance, sa possibilité de choisir sa vie. C’est le travail, qui relie à la société, qui donne sa fierté, l’estime de soi et des siens.
Dès le début de mon mandat, le SMIC sera relevé de 15%, soit 200 euros nets par mois.
La hausse du SMIC donnera le signal d’une revalorisation des salaires qui je le veux sera générale. J’ouvrirai des négociations salariales dans toutes les branches professionnelles. J’encouragerai un meilleur partage de la valeur ajoutée au profit des salaires et de l’emploi par un bonus-malus sur les cotisations patronales. J’augmenterai la rémunération, à la hauteur de l’importance de leur mission, des métiers du soin et de l’éducation, injustement sous-rétribués dans notre société.
Et je accomplirai, dans mon mandat, l’égalité salariale complète entre les femmes et les hommes. Cela fait des décennies que nous posons cette égalité fondamentale comme une exigence majeure. Première femme présidente de la République, j’y mettrai toutes l’énergie que vous me connaissez.
Nous donnerons aux jeunes les moyens de leur autonomie, avec un minimum jeunesse dès 18 ans et une dotation de 5000 euros à l’âge de 18 ans pour financer leurs projets professionnels et personnels
Nous relancerons la construction de logements sociaux avec 150 000 logements par an et nous mettrons en place un bouclier logement pour qu’aucun ménage ne dépense plus d’un tiers de ses revenus pour son logement.
Et nous garantirons le droit à profiter de sa retraite par le maintien de l’âge légal à 62 ans et la prise en compte réelle de la pénibilité. Ne nous y trompons pas : après les déclarations d’Edouard Philippe sur la retraite à 67 ans, et l’arrivée d’Éric Woerth dans les équipes de Macron, c'est cela qui nous attend si le président sortant devait être réélu !
Faire payer ceux qui en ont bavé toute leur vie, voilà leur projet. Et tout va y passer : l'école qu'ils rêvent de privatiser, la santé qu'ils rendront payante, l’hôpital qu'ils feront mourir à petit feu.
D'un côté, l'illusion qu'en faisant prospérer ceux qui ont déjà tout, cela ruisselle sur tous les autres alors que c'est l'inverse qui se produit à chaque fois, les riches s’enrichissent comme jamais et les pauvres se paupérisent. Et de l'autre côté, la protection sociale, l’école publique et gratuite pour l’égalité réelle et l'émancipation, l’hôpital pour prendre soin de chacun, le droit à une retraite en bonne santé.
Voilà le débat que nous devons avoir. Voilà le choix démocratique qui s’offre aux Français. Entre la gauche républicaine et la droite républicaine version Pécresse ou version Macron.
Le défi environnemental
Le second de ces défis, c’est le défi environnemental.
Le réchauffement climatique et la destruction de la nature sont le plus grand défi que l’humanité n’ait jamais eu à résoudre collectivement.
Il s’agit de transformer nos modes de production en conjuguant le mouvement civique vers une plus grande sobriété́ avec une action publique fondée sur la raison, la science et la technologie.
Nous voulons maîtriser ensemble le redressement économique et la transition écologique en instaurant une planification, passant par une forte intervention publique. Nous devons aussi intégrer au PIB un indicateur de bien-être qui permettra d’évaluer les politiques publiques à l’aune de critères humains et écologiques.
Je déciderai aussi d’investissements publics massifs dans la transformation de nos modes de production et pour financer le choix des énergies renouvelables.
Nous déploierons des outils puissants pour accompagner les travailleurs, les classes moyennes et les catégories populaires qui ne peuvent payer le prix fort de cette grande transformation.
Autrement dit, chacun le constatera nécessairement : seuls les outils de la social-démocratie sont à même de réussir cette grande transformation. L’écologie doit s’inscrire dans une ambition large, celle d’une société juste et émancipée.
Le troisième défi est le défi démocratique.
La France traverse une profonde crise démocratique, comme d’autres pays, mais peut-être plus dans la mesure où nous sommes un peuple très politique et donc plus facilement déçu par la politique.
Beaucoup de citoyens ont le sentiment que les décisions leur échappent, que l’avenir du pays se décide en dehors d’eux, dans les cercles des sachants et des puissants, que le fonctionnement de la vie politique ne permet pas d’organiser une véritable représentation du peuple.
Le comportement récent de ceux qui nous gouvernent n’a rien fait pour atténuer ce sentiment.
Le pouvoir macronien a été caractérisé par une confiscation inédite du pouvoir au profit du président seul, l’amenuisement programmé et non démenti des libertés publiques, l’absence totale d’association du pays et des corps intermédiaires aux décisions, la répression violente de toute contestation.
Nous aurons assisté en cinq ans, à la disparition du gouvernement, où le Premier ministre, ne dispose même plus du pouvoir de choisir les membres de son cabinet. Le Conseil des ministres est vidé de son contenu, remplacé par des structures qui ne figurent pas dans la Constitution comme le bien connu conseil de défense sanitaire.
Que dire de ce Parlement plus que jamais silencieux, composé majoritairement de députés, dénués de tout pouvoir d’initiative et même de délibération sur les textes législatifs. Alors que son mandat n’est pas terminé, Emmanuel Macron a battu dès 2019 le record du président ayant le plus légiféré par ordonnances !
Cet état des choses favorise les réactions violentes, les montées des extrêmes, les réactions populistes ou identitaires. Il appelle une réforme ambitieuse de nos institutions. Je veux mettre fin à cette monarchie républicaine qui étouffe la démocratie française.
La démocratie française doit enfin respirer. Elle doit vivre entre deux élections. Là aussi nous proposons un projet complet de démocratisation de la Vème République.
Je prendrai dès le début de mon mandat une mesure plus qu’emblématique : le Référendum d’initiative citoyenne, un RIC, qui permettra à un groupe de Français de déclencher un référendum sur les questions importantes qui leur tiennent à cœur.
C’était la grande revendication des « gilets jaunes » et, au-delà des différences d’opinion, nous sommes à leur écoute. Il faudra bien évidemment réunir un certain nombre de signatures, se situer dans le cadre de la constitution et des traités européens, rédiger enfin une proposition de loi rédigée sous l'égide du Conseil de la société civile que nous souhaitons substituer à l’actuel Conseil Economique, Social et Environnemental.
Je vous dis ma détermination : le RIC deviendra un outil précieux pour exprimer les volontés de la société dans le champ politique.
Il est urgent, à mon sens, d’organiser l’intervention des citoyennes et des citoyens dans la marche des affaires publiques en dehors des grandes élections nationales, par exemple avec la possibilité d’amendements citoyens aux textes de loi et de propositions de loi citoyenne. Certains craindront des écarts populistes : c’est le contraire qui est vrai. La participation citoyenne est un anticorps puissant à la violence et aux populismes.
Ce que nous avons en commun
Mes amis,
Des réponses à ces trois défis dépendent le relèvement de notre pays après la crise.
Et pour faire cela, il nous faudra des collectivités fortes, au combat, disposant de droits nouveaux.
Face à l’individualisation de notre société, au consumérisme grandissant, aux îlots qui fleurissent dans nos quartiers, nous avons plus que jamais besoin de recréer ce que nous avions l’habitude d’appeler à gauche le « vivre ensemble ». Les collectivités territoriales sont en première ligne dans ce combat républicain et laïque.
Nous ne nous y sommes pas trompés, femmes et hommes socialistes, en utilisant le vocable « En commun » pour nos listes municipales, départementales et régionales. Je crois que c’est également tout l’enjeu de cette campagne présidentielle.
Mon histoire, la nôtre, est celle de ces Républicains français, qui, dès les débuts de la IIIe République ont compris que face à un Etat fort, indispensable pour permettre la défense de l’intérêt général, il fallait des collectivités locales libres et élues pour donner au citoyen des repères et des moyens d’expression.
Comme Pierre Mendès France, je pense qu’« il n'y a pas de démocratie sans participation continuelle des citoyens ». A la fois jacobine et girondine, la France doit marcher sur ses deux jambes : un Etat fort et impartial, renforcé dans ses missions, jouant son rôle de protection, de défense de l’intérêt général, de redistribution, d’éducation et d’émancipation ; des collectivités locales disposant de l’ensemble des moyens dont elles ont besoin pour accompagner les Français dans leur vie quotidienne.
Ce joli mot de « commune » nous dit tout de ce lieu qui permet à nos concitoyens de mener encore une destinée partagée. Ce creuset de l’intelligence de l’action, ancrée dans la réalité et le vécu réel de nos concitoyens, je veux lui donner tout l’élan possible : non seulement à travers un État qui arrête de donner des leçons et de freiner les collectivités ; mais au-delà, ce que je porte au cœur de mon projet, c’est un nouvel État qui prend exemple sur la réussite des élus locaux pour répondre aux défis de notre temps, un État qui « fait ensemble », un « Etat en commun ».
J’ai une conviction qui guide mon engagement : il n’y a plus de légitimité sans immersion profonde dans la réalité des Français. Je suis Maire, et comme vous, c’est parce que je suis à portée d’engueulade, de reproche et d’exigence que je suis en prise avec la réalité à hauteur du regard. Je sais que la politique c’est avant tout de l’humain, de l’engagement, du compagnonnage. Je sais que tout seul on ne réussit rien. Présidente je ferai confiance aux élus locaux, aux Maires, et je leur donnerai leur liberté d’action.
Les Françaises et les Français ont confiance en leur Maire, mais ils perdent confiance en l’État central. Pourquoi ? Car l’Etat n’est pas à leur contact, il est désincarné, bureaucratique, trop peu politique et malheureusement souvent politicien.
La République doit aussi retrouver le visage de la proximité. Je veux rendre aux politiques les pouvoirs qui ont été progressivement confiés aux administrations. Le meilleur exemple, ce sont les ARS. Je les supprimerai pour définir la politique sanitaire qui relève de l’Etat mais dont la mise en œuvre doit se construire avec les collectivités locales.
J’engagerai aussi un nouvel âge de la décentralisation. Je commencerai par reconnaître dans une République décentralisée le droit à la différenciation. Un « permis de faire » permettra aux collectivités territoriales d’expérimenter des dérogations aux règles nationales lorsque cela est souhaitable pour atteindre les objectifs définis par la loi. La confiance sera au cœur des relations entre l’État et les collectivités territoriales.
Je mettrai aussi fin à l’infantilisation de nos outres-mers. Je prendrai les décrets d’application de la loi pour l’égalité réelle dans les Outre-mers portée par Victorin Lurel et Ericka Bareigts. Réparer les services publics dans les Outre-mers est une urgence absolue : l’école, l’hôpital, l’eau nécessitent des investissements massifs. Les Outre-mers seront aussi aux avant-postes du développement des énergies renouvelables. Je ferai aussi des Outre-mers un moteur diplomatique et économique de notre pays avec les continents voisins, les Amériques, le Pacifique, l’Afrique.
Je veux que nous signions avec les collectivités de véritables contrats qui restent à mon sens les seuls outils capables de remettre à niveau l'ensemble des services publics lourdement abimés : l'hôpital, les infrastructures routières, et l’eau.
Vous l’avez compris, ce que je porte, c’est une révolution communale, territoriale, à laquelle les maires, véritables héros de la République, doivent apporter tout leur concours.
En cela je m’inscris pleinement dans l’histoire de la gauche et de la décentralisation. Les lois Defferre ont apporté un souffle de liberté inédit sur nos territoires.
Je n’oublie pas comment ici à Montpellier, les lois de 1982 ont permis, grâce à Georges Frêche, une véritable transformation urbanistique avec la création du quartier Antigone, imaginé par l’architecte catalan Ricardo Bofill. Je veux aussi saluer l’action d’Hubert Dubedout à Grenoble, Edmond Hervé à Rennes, Pierre Mauroy à Lille, qui ont incarné cette génération de maires visionnaires ayant pleinement su tirer profit des libertés communales nouvelles créées par la gauche.
Mes amis,
Le sentiment qui m’anime aujourd’hui à Montpellier est autant celui de la responsabilité que de l’espoir.
Je sais ce que je vous dois. Si je suis aujourd’hui candidate, c’est grâce à votre détermination infaillible, vous qui m’avez placée, et de loin, en tête des candidats de gauche pour les parrainages à l’élection présidentielle. Ceci est la preuve éclatante de l’ancrage profond de notre projet, qui ne s’appuie pas sur l’hubris d’un bon mot ou d’un emballement télévisuel.
Face aux défis particulièrement ambitieux de notre temps, je suis fière de porter la parole de ce beau mouvement que nous constituons et qui prend sa source dans les profondeurs de notre pays, armé de la volonté de ses élus de terrains et de ses militants pénétrés de convictions, c’est la plus belle preuve de la vivacité de la démocratie, et c’est le plus bel exemple d’engagement, de sérieux et de solidité que nous pouvons donner aux Français.
Mes chers amis,
Vous l’aurez compris, je suis venue devant vous les idées claires. J’ai beaucoup travaillé avec mon équipe. Mon projet est le plus abouti. Peu d’éditorialistes en disconviennent.
Alors que le système médiatique condamne la gauche aux oubliettes, pour mieux servir les intérêts si peu communs qui le financent, je veux vous dire la confiance et la détermination qui est le mienne.
On ne m’a jamais rien donné. Née en Espagne, venue en France à l’âge de deux ans, fille d’un ouvrier électricien et d’une couturière, je dois mon parcours à l’école publique, qui donne à chaque enfant la possibilité de choisir le chemin de sa vie. Rien ne me prédestinait à devenir maire d’une ville-monde et candidate à la présidence de la République de ce grand pays qu’est la France.
Nous avons un mois et demi devant nous. Comptez sur moi pour montrer au pays ce que d’aucuns connaissent déjà : ma force inébranlable puisée dans les racines de mon parcours, ma détermination inarrêtable pour faire triompher nos idées, mes convictions chevillées au corps qui ne m’ont jamais quittée.
Au sortir de cette soirée, je veux vous voir partout, avec vos voisins, avec vos familles, porter le message de notre mouvement, celui d’une France juste, forte et solidaire, réunie et apaisée, fière d’elle-même et tournée vers l’avenir.
Oui, en avant, jetons toutes nos forces dans cette dernière ligne droite, car c’est impératif et c’est possible, pour la gauche, pour la France, pour l’Europe, pour la planète, ensemble changeons d’avenir.
Vive l’Europe,
Vive la République !
Vive la France !