- Seul le prononcé fait foi -
Mes amis, Chers amis, chers Français chers camarades,
Ainsi, vous résistez ! Vous êtes toujours là, chaleureux, passionnés, vigilants, enthousiastes !
Ainsi je le sais, vous croyez toujours à nos valeurs, à notre projet, aux réformes nécessaires pour le redressement du pays. Vous croyez toujours comme moi à l’avenir de la gauche et à l’avenir de la France !
Contre les défaitistes et les résignés, vous croyez à la fidélité, à l’amitié et à l’idéal. Alors, honneur à vous !
Honneur à vous parce que, une incroyable coalition s’est nouée pour déclarer cette élection jouée d’avance. Ils s’y sont tous mis, pour nous écarter, pour nous éliminer, nous déclarer illégitimes et siffler la fin du match avant même le coup d’envoi.
C’est leur rêve ! Enfin une élection sans les socialistes, enfin une élection sans la gauche républicaine ! Pour certains ce serait tellement plus rassurant !
Ce serait tellement rassurant, pour ceux qui veulent que rien ne change, pour les conservateurs de tout poil, pour les populistes de tout plumage.
Ces socialistes qui les ont battus si souvent, ces socialistes qui osent mener les réformes qu’ils détestent, ces socialistes qui osent vouloir gouverner, qui osent étendre les droits des exploités, qui osent combattre avec tant de constance pour la dignité des travailleurs, pour l’égalité des citoyennes et des citoyens, pour les femmes victimes d’injustice et de violence, pour les minorités discriminées, ces socialistes qui osent lutter contre les aberrations de la société de marché, contre les menaces mortelles qui pèsent sur notre planète et sa biodiversité !
Ces socialistes qui défendent pied à pied les acquis de la République et qui veulent, par-dessus tout, conjurer les périls qui pèsent sur l’unité même de notre nation.
Mes amis, nous sommes là aujourd’hui, il faut bien le dire. Au chœur vindicatif des conservateurs, se sont jointes les voix d’une partie de la gauche, qui prétend combattre la droite mais rêve surtout de la disparition de la sociale-démocratie, au profit d’une radicalité incantatoire, qui enfermerait, au nom de je ne sais quelle pureté, la gauche dans une opposition minoritaire et permanente, tout simplement parce qu’elle refuse de gouverner.
Car après tout, qui a vraiment servi les défavorisés ? Les procureurs d’une supposée « vraie gauche » qui ne cessent de prodiguer leurs leçons, mais qui n’ont jamais rien fait de concret, de tangible, pour changer la vie, ici et maintenant ?
Ils annoncent la fin de la social-démocratie, la fin de l’État providence, la fin du compromis social. Par quoi veulent-ils les remplacer ? Qu’ils nous le disent, au moins cela éclairerait le débat ! Encore faut-il le vouloir. Ce débat honnête, ouvert, limpide, celui-là même que j’ai proposé, ils l’ont refusé
Car après tout, qui a aboli la peine de mort, décentralisé le pays, libéré l’audiovisuel, étendu les droits des salariés, instauré les 35 heures et la cinquième semaine de congés, créé le revenu minimum ? défendu et amélioré la protection sociale, instauré la couverture maladie universelle, l’aide médicale d’État pour les migrants, la retraite à soixante ans pour les longues carrières, mis fin aux discriminations frappant les couples homosexuels, protégé la planète avec l’accord de Paris, promu les libertés publiques, incarné l’égalité et la justice, non en paroles furibardes mais en actes ! C’est nous mes chers amis. Et demain, qui offrira le droit de mourir dans la dignité, c’est nous mes chers amis !
Cette œuvre de réforme, menée sous l’égide de François Mitterrand, de Pierre Mauroy, de Michel Rocard, d’Édith Cresson, de Lionel Jospin, de François Hollande, de Laurent Fabius, de Martine Aubry, ou de Bernard Cazeneuve et de tant d’autres, qui ont gouverné la France au nom des socialistes et aussi de cette gauche rassemblée. C’est elle et eux qui ont rendu la société plus humaine, plus moderne, plus ouverte, et ils nous lèguent un acquis précieux.
Nous en sommes les héritiers. A nous de nous en montrer dignes.
Mes amis, sans la gauche socialiste, sans la gauche sociale-démocrate, sans la gauche du réel, sans cette gauche d’action et de gouvernement, la République perd son équilibre et la justice sociale disparaît. Elle se ramène à une compétition de la droite avec la droite, de la droite extrême avec l’extrême-droite.
C’est le sens mes amis, de ces grandes orgues déchaînées contre nous par les droites et l’extrême-droite : vider l’élection de son sens, dépolitiser, toujours dépolitiser, pour garder le pouvoir au service de qui ? De quelques-uns, déclarer le scrutin fini avant même d’avoir commencé, conforter les privilèges et les prébendes, annoncer la victoire des gens en place avant même que les citoyens n’aient voté.
Alors que nous le savons, la France a besoin du changement.
Les classes populaires le savent, qui voient leur pouvoir d’achat baisser, leurs conditions de vie se dégrader, la précarité ronger sans cesse leur existence, leur retraite toujours repoussée à plus tard, les services publics s’éloigner d’elles, leur santé mal protégée par un hôpital à bout de souffle, mise en danger par l’extension des déserts médicaux qui avait pour rôle de faire tenir la société, ont maintenant leur rôle dans la société mal considéré, la reconnaissance qu’elles méritent négligée et leur fierté blessée par le discours condescendant venu d’en haut.
Les classes moyennes le savent, qui voient leur position menacée, leur situation durement gagnée qui est mise en péril. Leurs enfants angoissés par l’avenir, inquiets des dangers courus par leur environnement et par la planète, et aussi cette classe moyenne voit ses espoirs professionnels mis en cause.
Les Françaises et les Français le savent aussi, qui voient leur société se scinder en communautés séparées, avec des inégalités qui se creusent entre les catégories et entre les territoires, avec cette unité de la nation minée par les tensions.
Alors chers amis allons-nous céder ? Allons-nous baisser les bras, nous décourager devant les obstacles ? Allons-nous laisser notre France - et son message universel de liberté de progrès - sombrer dans les affres d’un libéralisme toujours plus violent avec les classes moyennes et les catégories populaires, ou encore avec la jeunesse, ou alors sombrer dans un national-populisme mortifère ?
Mes amis, non bien sûr je vous le dis du fond du cœur, avec toute ma conviction de femme de gauche républicaine et de militante : jamais !
Non ! Nous ne reculerons pas devant les lobbys.
Non ! Nous ne plierons pas face à l’alliance délétère des libéraux et des conservateurs !
Non ! Nous ne reculerons pas devant les forces dangereuses du national-populisme et du racisme ! Nous combattrons, de toutes nos forces, ces fantômes du passé qui sont une menace pour l’avenir de la République.
Ils veulent une France tournant le dos à ses valeurs, une France qui romprait avec l’Europe, avec nos engagements internationaux, avec tous les principes des droits humains qu’ils ne cessent de dénigrer, une France enfermée, rabougrie. Nous ne laisserons pas faire, non !
Non ! Nous ne laisserons pas plus proroger pour cinq ans une politique injuste pour les classes moyennes et les plus fragiles. Une politique qui prend un retard dramatique dans le sauvetage du climat ! Une politique qui déstabiliserait encore plus le pays et priverait la jeunesse de France de son avenir.
Ce serait mal nous connaître et mal me connaître !
Parce que oui, nous continuerons à promouvoir l’émancipation de toutes et tous.
Oui, nous continuerons à nous battre pour une société enfin équitable, une économie enfin maîtrisée, une écologie qui place enfin la France sur la voie du respect de la planète.
Oui, nous construirons ensemble une France unie dans la justice !
C’est pourquoi je suis là aujourd’hui devant vous, pour vous parler de l’avenir, pour vous parler de notre idéal et de notre projet, pour vous parler de la France de demain, celle qui naîtra de notre action commune.
Mes amis,
Je mesure avec gravité l’ampleur de la tâche qui nous attend.
Je mesure aussi l’honneur que vous m’avez fait en me désignant comme votre candidate pour la présidence de la République.
Je ne cacherai pas la profonde émotion qui m’étreint dans ce moment décisif où, une nouvelle fois, la gauche a rendez-vous avec le peuple de France, où, une nouvelle fois, elle doit se hisser à la hauteur de sa mission, reconquérir les classes populaires et délivrer son message d’espoir à un pays divisé, amer et angoissé, pour construire une société meilleure, protéger les faibles et tenir les forts en respect, en un mot mes amis, pour réconcilier la France avec elle-même et lui permettre d’affronter, dans la justice, les défis du siècle.
C’est le sens du projet que je viens vous proposer, c’est le sens du projet que je propose au pays.
Cette tâche historique, c’est toute ma vie qui l’a préparée. Rien n’est donné aux filles du peuple comme moi, enfant d’une couturière et d’un électricien qui furent un temps des migrants, et qui m’ont inculqué à la fois le sens de l’effort, le sens du travail et le sens de la justice et l’amour de la République. La vie des travailleurs, je l’ai partagée dès le plus jeune âge, de par mon origine, puis comme inspectrice du travail, au fil d’un métier exigeant et solidaire. La responsabilité sociale et politique, je l’ai apprise comme militante puis, comme élue parisienne.
Le travail collectif, je l’ai assumé, comme Maire de Paris, avec son cortège de décisions difficiles et de réalisations exaltantes. Une femme à la tête de la capitale de la France !
J’ai éprouvé tous les obstacles qui se dressent devant la promotion des femmes dans notre société. J’ai mis toute ma volonté, toute mon énergie dans la transformation de ma ville, pour en faire la capitale d’un nouveau modèle urbain, plus égalitaire, plus dynamique et plus écologique, qui lui permette d’affronter victorieusement les défis des décennies à venir. Un seul exemple : j’ai aussi mis toute mon énergie pour que les jeux olympiques et paralympiques soient la chance de la grande transformation de la Seine-Saint-Denis.
À toi mon cher Stéphane, à mes amis nombreux élus de ce beau territoire, si jeune, si prometteur, je veux vous témoigner mon amitié et nos liens indéfectibles.
Les résistances, les conservatismes, les batailles pour une ville plus humaine, où l’on respire sans s’empoisonner, je les ai éprouvés au cours de mes combats quotidiens, face au concert des critiques, aux attaques personnelles, aux dénigrements systématiques et aux campagnes violentes des lobbys du passé. A chaque échéance, on m’a donnée battue, exclue, illégitime, renvoyée à l’opposition. A chaque échéance, à la tête d’une majorité de la gauche unie, j’ai tenu bon et nous avons gagné ces scrutins qu’on disait perdus d’avance. Et l’on voudrait que je me résigne devant la difficulté ?
À tous les prophètes de malheur, je dis : dans vos rêves !
Ceux qui me critiquent, même les plus hostiles, me reconnaissent une qualité : je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur du combat, je n’ai pas peur de l’adversité.
Ce combat, je le mène avec vous, pour nos idées, pour nos valeurs, et pour le peuple de France ! Je n’ai rien à vous promettre que l’effort, la constance, la volonté, le terrain. C’est une voie ardue, semée d’embûches. Mais c’est la voie du changement et la voie de la justice !
Dans cette campagne, rude, je veux aussi porter avec fierté notre identité.
Et quand je vous parle ici et maintenant d’identité, c’est bien évidemment de l’identité républicaine de la Nation, ce creuset qui unit et rassemble, aux antipodes de tous ceux qui brandissent l’identité pour mieux exacerber les clivages et les tensions, dresser les Français les uns contre les autres, agiter les peurs dont ils se repaissent. Au cœur de cette identité républicaine, de nos valeurs, au cœur de mon engagement, de ce qui m’a construit, de ce qui m’anime aujourd’hui et me guidera demain, il y a une triple exigence et une boussole de chaque instant.
La triple exigence, c’est l’obsession de l’égalité, l’attachement indéfectible à l’universalisme contre toutes les formes d’assignations identitaires et de communautarisme, les combats pour l’émancipation et notamment celle des femmes mais aussi les libertés individuelles et collectives. Et la boussole de chaque instant, pour garder le cap de la République, de cette République protectrice et émancipatrice, c’est la laïcité !
Oui mes amis, soyons fiers d’être universalistes, soyons fiers de défendre de promouvoir la laïcité, soyons des républicains conséquents et exigeants. Car ces combats ne s’éteignent jamais, nous l’avons parfois oublié, jusque dans nos rangs.
Mais les coups de butoir des adversaires de la laïcité nous rappellent à notre devoir de vigilance et de mobilisation.
Mes amis,
Je l’ai proposé avec beaucoup de franchise, j’ai proposé de remédier à la division de la gauche en organisant une élection qui départage les principaux candidats, ceux qui veulent gouverner ensemble. C’était une proposition simple, réaliste et honnête.
J’ai aussi proposé qu’elle soit précédée de débats devant les Français pour qu’ils puissent se forger une opinion. J’étais prête, si jamais je ne la gagnais pas, à me ranger loyalement derrière le vainqueur. Il faut malheureusement le dire : sans la participation des Verts, la primaire de la gauche a perdu tout son sens.
Et cette élection avant le premier tour qui devait nous unir, ils ne l’ont pas voulue.
La page est tournée, je défendrai notre projet, et les Françaises et les Français trancheront !
Une grande aventure nous attend : faire de la France le pays qui aura su rénover son modèle social, enclencher sa mutation écologique et revitaliser sa démocratie.
Notre projet est ambitieux. Ce que nous promettons, nous le tiendrons ! Notre projet a été longuement mûri, passé au crible de l’expertise et de la consultation des citoyens, il a été discuté avec la société civile, les responsables des associations et des ONG. Il est sérieux !
Mes priorités, quelles sont-elles ?
Je veux d’abord répondre à l’urgence sociale.
C’est la condition de toute notre action, la condition du relèvement et de la cohésion de la France. J’ai donc mis, en tête de mes missions, la revalorisation du travail.
C’est le travail qui crée la dignité du travailleur, qui lui donne sa perspective, sa chance, sa possibilité de choisir sa vie. C’est le travail, qui relie à la société, qui donne sa fierté, l’estime de soi et des siens, son utilité.
La gauche, je l'affirme fort, c’est le parti du travail, de sa juste rémunération, de la conquête des droits et libertés !
La gauche, c’est l’émancipation des travailleuses et des travailleurs !
C’est pourquoi le propose une série de mesures propres à reconnaître au travail sa place centrale dans la société. Elles portent sur le pouvoir d’achat, sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, sur les conditions de travail, sur les retraites, sur les écarts maximaux entre les rémunérations, que nous souhaitons limiter de à 1 à 20, sur le pouvoir des salariés dans l’entreprise et, plus largement, sur la condition de tous ceux qui sont ignorés, alors qu’ils assurent, notamment dans cette période de crise sanitaire, la vie matérielle du pays.
Ce plan sera examiné et négocié dans les branches professionnelles et chaque mesure fera l’objet d’un débat ouvert avec les partenaires sociaux.
La mesure phare : dès le début de mon mandat, le SMIC sera relevé de 15%, soit 200 euros nets par mois.
Nous rendrons justice aux premiers de corvée.
C’est un effort demandé aux entreprises de notre pays : mais c’est un effort réaliste et réalisable. Je constate que les entreprises sont aujourd’hui confrontées à des pénuries de main d’œuvre et même, dans beaucoup de cas, à la désaffection des travailleurs pour les emplois mal rémunérés. Il s’agit d’une mesure de justice, et d’une nécessité économique.
Je veux, au-delà du relèvement nécessaire des salaires, répondre au défi social dans son ensemble, et dans cet ensemble-là, j’y reviens, certains d’entre vous savent combien je suis têtue, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ! Assez de paroles, nous y arriverons !
Je veux assurer l’égalité salariale réelle entre les femmes et les hommes et créer un congé paternité de 16 semaines dont 6 obligatoires, sur le modèle espagnol.
Dans le secteur public aussi, je veux considérer, former et rémunérer les enseignants à la hauteur de l’importance de leur mission, en démarrant par les débuts de carrière pour l’augmentation de la rémunération.
L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement. Elle coûte, mais elle rapporte bien plus : des travailleurs formés, des citoyens autonomes et conscients. C’est elle qui bâtit notre avenir.
Pour préparer nos enfants au monde dans lequel ils vivront, l’école doit sans cesse rénover ses pédagogies, en faisant confiance au dévouement et à la compétence des professeurs : c’est le meilleur moyen d’assurer la transmission des savoirs, qui reste évidemment au cœur de sa mission. Apprendre par la pratique, apprendre à apprendre, apprendre à coopérer, apprendre dans son environnement, dans la nature, dans sa commune, apprendre les nouveaux langages du numérique, apprendre à s’informer : à chaque fois, c’est l’innovation qui assure l’éducation.
Je le dis ici en Seine-Saint-Denis, pour rétablir la promesse de la République et permettre la réussite de tous les élèves, je mettrai fin aussi aux ghettos scolaires.
Je veux, promouvoir à l’école les valeurs de la citoyenneté et du respect
L’école de la République, c’est celle du respect de chacun. La transmission des valeurs de la République – la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité et la lutte contre toutes les discriminations : l’antisémitisme, le racisme, le sexisme et ce qu’on appelle aujourd’hui les LGBT-phobies, sera au cœur d’un enseignement civique repensé et renforcé. Les atteintes à la laïcité seront sanctionnées et les professeurs seront protégés de toute pression extérieure sur la pédagogie ou les programmes. Non, je n’oublie pas Samuel Paty.
Je le dis aux parents et aux enfants, la lutte contre le harcèlement scolaire sera un sujet de grande mobilisation du quinquennat et s’appuiera sur la formation de l’ensemble des personnels. Je veillerai à l’application d’une règle simple : tout cas de harcèlement, qu’il ait lieu à l’école ou en ligne, devra donner lieu à une réponse de l’institution, passant par le dialogue avec l’auteur du harcèlement et, si nécessaire, par sa sanction.
Je supprimerai, et ça vous m’avez déjà entendu le dire avec beaucoup de force ; je supprimerai ParcourSup au profit de règles justes et humaines d’accès à l’enseignement supérieur, pour rétablir l’accès équitable des enfants des classes populaires et des classes moyennes à l’enseignement supérieur.
ParcourSup est un algorithme qui décide de la vie de nos enfants.
Le service public de l’orientation sera renforcé pour donner à chaque élève du secondaire un accompagnement personnalisé. Des places seront créées à l’université là où les formations sont les plus demandées.
Je le redis ici avec force, l’université ne sera pas privatisée. La sélection ne se fera pas par l’argent. J’en ai l’intime conviction, je pense à cette jeunesse, je vous le dis, aujourd’hui entre ParcourSup et la sélection par l’argent, je n’aurais sans doute pas pu suivre des études supérieures, celles qui m’ont donné ma liberté.
Alors je veux garantir aussi bien sûr un accompagnement individualisé aux jeunes qui décrochent de l’école.
Chaque année, près de 100 000 d’entre eux quittent prématurément le système scolaire, c’est-à-dire sans diplôme et sans qualification. Je ne les laisserai pas perdre espoir, ni même l’estime d’eux-mêmes. Je refuse qu’ils soient condamnés à des petits boulots sans avenir. A eux et à ceux qui les entourent, à leurs parents, je redonnerai des perspectives. C’est pourquoi je soutiendrai et développerai le tutorat qui permet de mobiliser autour des jeunes en risque de décrochage des équipes associatives et éducatives, dans un cercle vertueux qui allie soutien scolaire et échanges d’expériences.
L’urgence sociale c’est aussi garantir le droit à profiter de sa retraite par le maintien de l’âge légal à 62 ans et la prise en compte réelle de la pénibilité.
C’est aussi relancer la construction de logements abordables. Je veux mettre en place un bouclier logement pour qu’aucun ménage ne dépense plus d’un tiers de ses revenus pour se loger.
L’urgence sociale c’est aussi garantir la pleine citoyenneté des personnes en situation de handicap. Cela commence à l’école qui doit accueillir tous les enfants.
L’urgence sociale c’est aussi donner aux jeunes les moyens de leur autonomie, avec un minimum jeunesse dès 18 ans et une dotation de 5000 euros à l’âge de 18 ans pour financer leurs projets professionnels et personnels.
Une campagne pour l’élection présidentielle, c’est l’occasion unique de parler des vrais sujets qui sont totalement absents des débats. C’est la raison pour laquelle je le dis ici solennellement, je souhaite que cette élection de 2022 soit l’occasion d’aborder l’enjeu essentiel, crucial, enthousiasmant de la révolution de la longévité. Oui le vieillissement de la population est une chance, mais nous devons adapter notre société. Vous connaissez mon attachement aux enjeux de la transition écologique. Je le dis avec force, la transition démographique doit aussi nous mobiliser. Je me rappelle qu’il y a 4 ans, Emmanuel Macron annonçait fièrement une loi grand âge et autonomie pour la fin de 2019.
Cela devait être « le marqueur social du quinquennat »… on a vu le résultat : même après une crise sanitaire qui placé au cœur des débats les personnes âgées fragiles, et aussi tous ces professionnels, souvent des femmes, qui les accompagnent avec dévotion, dans le services à domicile comme dans les Ehpad, même après une telle crise, le projet a été abandonné en rase campagne. Voilà en fait le vrai marqueur du quinquennat Macron, c’est qu’il n’y a pas eu de marqueur social.
Les métiers du grand âge doivent être valorisés, dans la formation, la rémunération et les déroulements de carrières. Surtout, les personnes âgées qui souhaitent vieillir à domicile doivent être davantage soutenues : souvenez-vous, l’APA, l’allocation personnalisée autonomie c’est la gauche qui l’a créée il y a 20 ans, avec Lionel Jospin, Martine Aubry et Paulette Guinchard à laquelle je veux rendre hommage. L’APA c’est encore la gauche qui l’a augmenté significativement en 2015. Et bien je vous le dis : l’APA à domicile sera revalorisée pour permettre plus d’intervenants à domicile au soutien des personnes âgées dépendantes.
Enfin, nous créerons un service public de la perte d’autonomie, guichet unique pour les familles pour éviter le sempiternel parcours du combattant.
La deuxième urgence c’est le défi écologique.
Nous le savons, le dérèglement climatique fait peser une menace mortelle sur l’humanité. La transition écologique est en tête des priorités pour un gouvernement de gauche. Elle suppose une politique de progrès pour tous, car elle ne peut être supportée exclusivement par les classes moyennes et les classes populaires.
Il s’agit de réorienter notre économie en se dotant d’un outil de planification économique.
Il y faudra des investissements publics massifs dans la transformation de nos modes de production et pour financer le choix des énergies renouvelables.
Autrement dit, seule la sociale-démocratie, on le voit en Europe, est à même de réussir cette grande transformation. L’écologie doit s’inscrire dans une ambition large, celle d’une société juste.
En un mot, nous ne voulons pas juste l’écologie. Nous voulons une écologie juste !
Là aussi, une mesure phare, que nous avons appelé le tiers payant rénovation. Le vaste programme d’isolation des logements se heurte aux difficultés de pouvoir d’achat. Les ménages hésitent à engager les travaux nécessaires, ils doivent supporter ce qu’on appelle un « reste à charge » au coût dissuasif.
Cette mesure viendra en aide aux ménages. Ainsi la France réduira rapidement le nombre de ses « passoires thermiques » et pourra réaliser au plus vite la rénovation massive de ses logements, 760 000 par an.
Pour répondre à l’urgence climatique, il faudra agir dans plusieurs directions :
Consacrer les droits de la nature.
Atteindre l’objectif de 100% d’énergies renouvelables, sans nous priver de l’apport du nucléaire.
Garantir des mobilités durables pour tous et partout.
Soutenir l’installation des jeunes agriculteurs.
Lancer quatre grandes odyssées industrielles de demain.
Conditionner toutes les aides publiques aux entreprises à l’engagement d’un strict respect de critères sociaux et environnementaux, avec un remboursement en cas de violation de cet engagement.
Instaurer une fiscalité juste avec un ISF climatique.
Et la France portera le projet de création d’une Cour Pénale Internationale pour lutter contre les crimes d’écocide.
Je veux enfin relever la troisième urgence : le défi démocratique
La France traverse une profonde crise démocratique, comme d’autres pays, mais peut-être plus parce que nous sommes un peuple très politique et donc plus facilement déçu par la politique. Beaucoup de citoyens, ont le sentiment que les décisions leur échappent, que l’avenir du pays se décide en dehors d’eux, dans les cercles des sachants et des puissants, que le fonctionnement de la vie politique ne permet pas d’organiser une véritable représentation du peuple.
Le comportement et les provocations du Président sortant n’ont rien fait pour atténuer ce sentiment. Cet état des choses favorise les réactions violentes, les montées des extrêmes, les réactions populistes ou identitaires.
Pour relever le défi démocratique, je commencerai par le commencement, c’est-à-dire, avant les institutions, par la culture. La création, le patrimoine, les pratiques culturelles, tout le travail des artistes. Ils dépassent la relation de chacun d’entre nous avec la beauté, l’art, l’émotion, avec les œuvres d’hier et d’aujourd’hui qui élèvent l’âme humaine.
La culture est aussi ce puissant levier de la vie collective, une communion avec l’humanité, une école de tolérance et d’acceptation de l’autre. A cet égard, il est fondamental de redonner du sens à la politique culturelle de notre pays. Pour moi, la culture doit être placée au cœur du projet républicain.
Je crois plus que jamais à la culture comme élément d’émancipation, à l’importance de la place donnée aux artistes dans notre société, à la culture comme levier de transformation sociale et de solidarité, à l’importance de notre patrimoine et de nos créations comme reflet de notre histoire commune.
Cette ambition passe avant tout par un soutien indéfectible à la liberté de création. Elle ne pourra se déployer qu’en impulsant une politique culturelle forte en direction des jeunes et faire ainsi du prochain quinquennat celui de la rencontre de la jeunesse avec la création artistique. Je m’y emploierai. Je veux une juste rémunération des auteurs, une lutte contre l’uniformisation des contenus, une aide à la création. Je veux réaffirmer ici l’importance du service public de la culture, garant de la diversité artistique.
Face à l'éclatement de la société et à la concentration croissante des médias, j’agirai pour garantir le pluralisme des médias et l’indépendance des journalistes. Je renforcerai le service public de l’audiovisuel pour assurer son rôle fédérateur tout particulièrement dans le domaine de l'information, de l'éducation et du soutien à la création. C’est la raison pour laquelle je m'engage à ce que la contribution à l'audiovisuel public, gage de son indépendance, soit confortée. Je m’attaquerai, enfin, à la régulation du secteur numérique, à la fois pour lutter contre la diffusion incontrôlée des messages de haine et pour protéger les forces de création numérique françaises contre l’impérialisme culturel des grandes plates-formes anglo-saxonnes.
Le défi démocratique impose, ensuite, une réforme ambitieuse de nos institutions. Je veux mettre fin à cette monarchie républicaine qui étouffe la démocratie française. La démocratie française doit enfin respirer. Là aussi nous proposons un projet complet de démocratisation de la Vème République.
Une mesure emblématique : la création d’un Référendum d’initiative citoyenne, un RIC, qui permettra aux Français de déclencher un référendum sur les questions importantes qui leur tiennent à cœur.
Le RIC deviendra un outil précieux pour exprimer les volontés de la société dans le champ politique.
Il faut faire confiance à la démocratie pour renforcer la République, faire confiance à une république décentralisée aboutie qui garantira le service public dans chaque commune et qui reconnaitra pleinement les outre-mers.
Nos territoires ultramarins dans toute leur diversité font la fierté de notre pays et sont un atout infiniment précieux pour la place de la France dans le monde. Pour autant, leur éloignement géographique, et le manque de considération à leur égard au cours des dernières décennies, ont accentué des inégalités sanitaires, économiques et sociales qui ne sont pas tolérables dans notre République. Lieux d’une grande part de la biodiversité française, les outre-mers seront aussi à la pointe de l’action écologique de notre pays. Les scandales sanitaires et environnementaux, comme le chlordécone en Martinique ou les sargasses dans les Caraïbes, feront l’objet de mesures d’urgence dès 2022. Les frais médicaux engagés pour toutes les personnes confrontées aux conséquences de l’exposition au chlordécone seront intégralement pris en charge par la Sécurité sociale. Les collectivités du littoral confrontées aux sargasses seront accompagnées financièrement. Pour assurer la représentativité des sujets ultramarins dans les médias, je recréerai au sein du service public une chaîne dédiée aux outre-mers et j’intégrerai dans le cahier des charges de Radio France et France Télévisions des obligations de traitement des actualités des outre-mers à des horaires de grandes écoutes.
Relever la démocratie, c’est enfin garantir la sécurité pour tous et partout.
J’ai défini deux grandes priorités pour la sécurité des Français : la tranquillité publique, et la lutte contre le terrorisme et contre la criminalité organisée
Ma politique de sécurité recherchera l’efficacité dans la durée plutôt que le spectacle comme Bernard Cazeneuve cet homme d’Etat qui m’inspire l’avait engagé avec sérieux et respect.
La présence des policiers et des gendarmes sur le terrain sera renforcée grâce à des recrutements réalisés pour répondre aux besoins locaux précis et spécifiques et en allégeant la procédure pénale. Ils bénéficieront de formations adaptées permettant d’améliorer le lien avec les habitants et de mieux prévenir toutes les formes de discriminations. Ils seront mieux répartis dans les quartiers et aux heures où les habitants ont le plus besoin d’eux. Ils seront mieux encadrés et plus disponibles pour résoudre les infractions du quotidien.
La création d’une police municipale ne donnera plus lieu au désengagement de la police nationale, mais permettra à chacune des forces de se concentrer sur ses missions prioritaires.
Parce que notre pays continue de vivre sous la menace terroriste, il nous faudra poursuivre l’adaptation de notre dispositif de prévention et de répression. Les services de renseignement verront leurs moyens confortés, d’un point de vue tant humain que technologique. Je mobiliserai aussi les services de renseignement pour intensifier la lutte contre les organisations criminelles et la grande délinquance financière.
Je veux, en particulier, mener une lutte implacable contre les violences faites aux femmes
Pour en finir avec les féminicides et les violences intrafamiliales qui ont des conséquences au coût inestimable pour la société, tant elles traumatisent aussi les enfants, je ferai de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité de mon action. Je rétablirai un ministère des Droits des femmes de plein exercice et je le doterai d’un budget de 1 milliard d’euros.
Je veux une justice indépendante, respectée et qui répond aux besoins des Français
Nous ne voulons plus de cette justice qui chronomètre tout en allongeant ses délais comme l’ont dénoncé eux-mêmes avec courage les magistrats, greffiers et auxiliaires de justice. Notre pays n’est à la hauteur ni des enjeux ni des attentes de nos concitoyens ou des personnels de justice.
Une loi de programmation quinquennale sera adoptée dès les premiers mois du mandat, afin de lancer un plan de recrutement de magistrats, de greffiers et de travailleurs sociaux. Grâce à ces moyens supplémentaires, nous pourrons améliorer la justice du quotidien, celle qui n’occupe pas les unes des journaux mais qui préoccupe tant les Françaises et les Français.
Réduction des délais, simplification des démarches et procédures, amélioration de l’accès au droit, meilleure prise en charge des victimes, nous agirons sur ces chantiers prioritaires. L’indépendance du parquet sera garantie en donnant au Conseil supérieur de la magistrature la compétence par un pouvoir d’avis conforme sur toutes les nominations des magistrats du parquet, comme il le fait aujourd’hui pour les magistrats du siège.
Je veux aussi une sanction qui éduque
Le tout-carcéral est un échec, les prisons sont surpeuplées et les conditions de détention, tout comme le parcours pénal, favorisent dans de nombreux cas la récidive ou la radicalisation. Nous recourrons davantage à l’incarcerale.
Mes amis,
Voilà les idées essentielles de mon projet que j’ai présenté la semaine dernière. Il recueille l’héritage de décennies de combats glorieux pour la justice, il définit et promeut les outils qui nous permettront d’affronter les défis du siècle qui vient.
Il n’est pas de programme qui vaille sans la boussole d’une conviction solide et pérenne, qui doit nous guider à chaque pas de notre marche vers le progrès. Ces convictions, vous les connaissez, vous les partagez. Mais pour se présenter au suffrage des Françaises et des Français, il faut les affirmer avec force et clarté.
Je crois à la promesse républicaine, qui reste trop souvent lettre morte et qui nous oblige ardemment, pour que ses valeurs universelles trouvent leur application concrète, pour que soient résorbés les ghettos urbains, pour que soient éradiquées les injustices frappant les habitants des quartiers populaires, pour que soient effacées les inégalités.
Je crois à la science et à la raison, qui sont des outils du progrès quand elles sont mises au service de la liberté humaine.
Je crois à la régulation de l’économie, pour la mettre au service des femmes et des hommes, à l’orienter dans le sens d’une croissance décarbonée et respectueuse de la planète.
Je crois aux valeurs universelles qui fondent l’unité du genre humain, au-delà des différences culturelles ou nationales.
Je crois à l’Europe, qui assure la paix depuis plus de soixante-dix ans, quand elle organise la marche vers le progrès social, la prospérité de nos peuples et le rayonnement de nos valeurs, et qu’elle relève le défi écologique.
Se présenter aux suffrages des Français, croire à la promesse républicaine, cela va de pair avec les ambitions européennes. Dans ce domaine aussi, je veux de la clarté.
Cette semaine, le président de la République a présenté à Strasbourg son projet pour les 6 mois… que dis-je ? les 3 mois de la Présidence française du conseil de l’Union européenne.
C’était un beau discours dans le droit fil de ceux prononcés auparavant à la Sorbonne ou en Grèce.
Mais que valent les paroles et les promesses, quand sa pratique de l’Union européenne a donné si peu de résultats.
Au cours de la crise sanitaire, le pacte de stabilité a volé en éclat et je m’en félicite.
C’est la démonstration par la preuve que les critères exclusivement financiers qui préconisent des réformes libérales ont mené l’Union européenne dans l’impasse et ruiné la confiance des citoyens.
Emmanuel Macron a-t-il proposé une substitution ? Non. Alors que nous avons besoin d’un pacte de progrès qui change la donne et permette concrètement aux Européens de vivre mieux.En matière sociale, si importante et si attendue par les Européens, le président de la République joue, comme toujours un double jeu quand il dénonce la précarisation mais refuse la présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes.
J’ai de l’ambition pour la France dans l’Union européenne et j’ai de l’ambition pour l’Union européenne elle-même, où nos idées et nos projets peuvent progresser grâce à la conviction et la pluralité et grâce à l’alliance des sociaux-démocrates.
L’Union européenne a besoin d’un nouveau projet pour retrouver durablement la confiance des citoyens. Ce projet a pour moi un nom « Vivre mieux », ce projet, il est socialiste, il est écologiste et il fera progresser la démocratie européenne.
Ce projet, il fera prendre à l’Union européenne le chemin de l’autonomie, en matière sanitaire par exemple où nous devons modifier les règles en vigueur pour renforcer la production de vaccins mais aussi de médicaments dont nous avons besoin.
Notre Union doit aller vers la reconquête industrielle pour répondre aux besoins des Européens, affronter les transitions écologiques et numériques, protéger l’approvisionnement des grandes filières industrielles, réguler les évolutions des prix liées à la jungle du commerce international.
Je veux que notre Union construise un nouvel agenda européen, social et écologique, qui s’accompagne d’une nouvelle gouvernance économique et d’un véritable espace public européen.
Mes amis,
Tout ce projet que nous portons ensemble, pour la France et pour l’Europe, est un projet de rupture avec le cours actuel, avec ce que nous subissons depuis cinq ans, cette société méprisante pour les faibles et indulgente pour les puissants.
Laisserons-nous la politique française égarée dans ce faux centre qui n’est qu’une vraie droite de plus ?
Laisserons-nous les idéologues de régression et d’exclusion exercer leur influence délétère sur les esprits et sur les cœurs ? Non !
Laisserons, la gauche se perdre dans les chimères de la politique incantatoire ?
Non, mes amis ! Nous avons rendez-vous avec l’histoire ! C’est le grand combat auquel je vous appelle.
Ensemble, nous allons redresser notre pays divisé, traversé par des conflits fratricides et nuisibles, qui demande justice, protection, espoir, énergie.
Ensemble, nous allons retrouver le sens de notre vie en commun autour des valeurs de la République.
Cette République Laïque Sociale, Écologique et Démocratique.
Ensemble, nous allons rallier les Français, qui ont le sens de la grandeur et savent le message universel que leur pays a toujours adressé au monde.
Ensemble, nous allons réunir la France dans la justice !
Ensemble, nous allons marcher sur cette route difficile, malgré les obstacles malgré les épreuves et ensemble, guidés par notre idéal, portant haut le drapeau de la liberté et de l’égalité, nous triompherons !
Vive la République !
Vive la France !